vendredi 15 avril 2022

Catalogue

 


La Mec


Une jeune zonarde, Lily, erre dans les rues de Paris à la recherche d’on ne sait quoi. Elle s’aventure finalement dans les quartiers chics plus par découragement que par intérêt. Harassée par sa longue promenade, elle sonne à la porte d’une imposante villa du boulevard Foch en quête d’un verre d’eau. La femme qui lui répond l’invite cordialement à entrer et, tandis qu’elle lui présente de quoi boire, lui demande si Lily la reconnaît. Devant l’hésitation de son invitée, elle lui raconte qu’elles sont des amies d’enfance. Sceptique, Lily accepte de jouer le jeu, un peu éblouie par le luxe de la demeure, un peu séduite par les attentions de son hôtesse qui évoque effectivement quantité de souvenirs de jeunesse, tout à fait authentiques, sans que Lily puisse se remémorer la femme qui les lui raconte. Constatant que l’heure avance, l’hôtesse invite Lily à rester à manger, car, dit-elle, elle reçoit quelques amis auxquels elle voudrait la présenter. La jeune femme hésite, se sentant de plus en plus mal à son aise dans cette villa baroque habitée par une étrangère visiblement connue. Elle finit par accepter l’invitation et, tandis que le traiteur s’affaire à la cuisine, son hôtesse l’aide à choisir une toilette pour la soirée. Les invités arrivent un à un et, alors que l’heure de passer à table approche, Lily constate avec effarement qu’elle est la seule femme présente. Son hôtesse elle-même est introuvable et, au moment de passer à la salle à manger, un homme lui offre son bras et Lily, dans un éclair, le reconnaît. Il s’agit de Paul, un ami d’enfance, et le visage de ce dernier lui rappelle une autre personne. C’est en prenant place qu’elle réalise que Paul est également la femme qui l’a reçue avec tant de cordialité l’après-midi même. Le repas commence alors par des présentations et très tôt Lily comprend que tous les hommes présents sont homosexuels. Lily devient progressivement le centre d’attraction des convives jusqu’à ce que l’un d’eux lui demande comment il faut faire l’amour à un homme. D’abord décontenancée, elle prodigue ses conseils, avec force détails tirés de ses propres expériences. Laissée à elle-même, elle finit par raconter en détail sa vie amoureuse et, surtout, ses échecs sentimentaux, trouvant en cela un écho réconfortant auprès de ses commensaux. Elle monologue ainsi au fil des plats, tandis que, en sourdine, des commentaires sont échangés entre les hommes présents dont on devine qu’ils n’ont personne dans leur vie. Au petit matin, alors que s’en vont les invités dans la grisaille frileuse, Paul offre de raccompagner Lily chez elle. Fatiguée par cette troublante nuit où amour et passion se sont mêlés d’une manière si unique et inattendue, elle accepte. Au moment où elle descend de la voiture, Paul la retient afin de la demander en mariage.


 – Maurice Pectay – 412 p. – 1994 – Fable urbaine se déroulant à la limite de la réalité et des mondes oniriques, ce roman dégage une troublante sensualité qui s’alimente à une nostalgie dont les racines troubles plongent soit dans le passé, soit dans l’avenir. Après tout, l’espoir n’est-il pas la nostalgie précoce pour ce qui n’est pas encore ?

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