Débine et Reviens
Un cynophile solitaire décide un jour de satisfaire sa passion et s’achète, à fort prix, deux chiens de race parfaitement identiques et de même sexe, car, habitant une grande agglomération, il ne peut se livrer à l’élevage. Afin de les différencier, il leur trouve des noms correspondant à leur caractère. L’un d’eux manifestant une totale indépendance, tandis que l’autre ne quitte pratiquement jamais son maître, il les nomme respectivement « Débine » et « Reviens ». Très tôt, cet homme, que la vie ennuie au plus haut point, commence à se trouver des points d’intérêt en compagnie de ses deux bêtes. Auparavant uniquement préoccupé de son travail, que d’ailleurs il trouve assommant, il commence à s’intéresser à quantité de choses. Il découvre peu à peu la beauté des jardins de sa ville ; il cherche les bouchers les moins chers et explore par le fait même des quartiers typiques qu’il ne connaissait pratiquement pas jusque-là ; il se lie d’amitié avec les commerçants à tel point qu’il fait connaissance de la coiffeuse de son quartier, qui partage la même passion pour les chiens que lui, et de cet intérêt commun naît une charmante idylle. Toutes ces nouveautés le distraient si bien qu’il en vient à négliger son travail. Après un temps, il finit par se retrouver au chômage. Malgré l’appui apporté par ses nouveaux amis, il arrive de plus en plus difficilement à subvenir à ses besoins et à ceux de Débine et Reviens. Malgré les avis de son entourage, il s’entête à garder auprès de lui les deux animaux qui lui ont apporté tant de bonheur, négligeant même de se nourrir et de se vêtir convenablement afin d’assurer au mieux l’entretien de ses bêtes. Malgré sa détermination, alors qu’il en est rendu à la toute dernière extrémité, il ne peut plus surseoir à l’inévitable : il doit se départir d’un de ses animaux au profit d’un éleveur qui le harcèle depuis un certain temps, véritable figure de la tentation. Mais son dilemme n’est pas résolu pour autant, car il n’arrive pas à choisir quelle bête pourra rester. Après une longue méditation où l’hésitation torturante vient bien prés de venir à bout de sa raison, il décide de vendre Reviens à l’éleveur dans l’espoir chimérique que l’animal, obéissant à ses instincts premiers et à son nom, finisse par retrouver le chemin de sa maison. Effectivement, l’un des animaux obéit à l’injonction qui est implicite dans son nom, mais il s’agit de Débine, qui s’enfuit. Au bout de quelques mois, alors que l’homme a pu refaire sa vie, il entend un grattement à la porte de sa maison en pleine nuit. Il se lève, le coeur battant, afin d’aller ouvrir. Lorsque la porte laisse entrer un chien, il reconnaît ce dernier : il s’agit de Reviens qui a retrouvé le chemin de sa maison et qui, selon toute évidence, attend une portée de chiots.
– Basile Ébault – 320 p. – 1988 – Véritable plaidoyer pour la zoothérapie, ce roman met en scène des animaux dont le rôle polymorphe symbolise à la fois la recherche du bonheur et l’espoir en l’avenir. Oeuvre riche et touffue qui ne doit surtout pas être prise au premier niveau, on y dénote, même aux temps les plus noirs, une farouche joie de vivre.