mardi 26 mai 2009

Bave

Le bon parler frança
Fiche linguistique numéro 8

La bave des bavards

Il y a la bave des crapauds, la bave des baveux, la bave des bavards. Il y a aussi des omelettes baveuses, des bavettes et des bavures policières... Le sens de «salive» que l'on donne maintenant à la bave a mis quelques siècles à d'établir et a supplanté le terme «bavardage» issu de «baba», mot mignon désignant, depuis le XVe siècle, le babil des bébés baveux.

«Bavarder» pouvait donc être pris en un sens tout à fait respectable. Vous avez peut-être vu sur vos photos de bébés que vous baviez. L'innocence, sans doute. Et ça coulait droit. «Baver» a pris la tournure qui nous occupe au XVIIIe siècle (dixit Le dictionnaire Robert). Ce qui a fait le mot «bavarder», avec le mépris que cela peut comprendre. Ça doit être à cause des avocats qui postillonnaient en plaidant.

Dans le même ordre d'idée, notons que l'expression «en baver» voulait dire «être ébahi» («Que j'en bave d'envie») avant de prendre le sens souffrant («Que j'en bave!») que l'on connait maintenant. Ça c'est depuis le début du XXe siècle.

Tiré du Dictionnaire absurde du vrai français étonnant, 15 678 pages, Montréal, Absurdistan unie, Éditions vacillantes, 875,99$.

Aucun commentaire: