samedi 25 juillet 2015

Les bonnes négociations




Les mauvaises négociations, ce sont celles qui se déroulent quand des travailleurs syndiqués réclament une amélioration de leur condition. Quand ce sont les grands bourgeois qui exigent d’en obtenir encore plus, cela s’appelle «les bonnes négociations».

Il s’agit – vous l’aurez deviné – de celles devant instaurer un immense ensemble de libre-échange. D’abord, transpacifique, et ensuite transatlantique, avec – on s’en doute – les Stazunis au beau milieu de la toile.

Mais oui, ce même libre-échange, lequel, depuis la signature de l’ALENA en 1994, a grandement accru notre pouvoir d’achat, nous a mis à l’abri du besoin, a encouragé la prospérité collective, a garanti notre sécurité et a assuré pour toujours des lendemains qui chantent. Eh bien, devant le grand succès remporté par cette première manche, maintenant que nous sommes tous sur le point de venir millionnaires, il est temps de passer à la vitesse grand V avec comme partenaires l’Asie et, éventuellement, l’Europe.

Comme nous vivons en démocratie et que la notion de liberté et d’ouverture sous-tend les principes qui aiguillonnent lesdites négociations, le tout se déroule dans le plus grand secret. C’est sans doute pour notre bien, comme d’habitude. Mais certaines personnes, en particulier les cultivateurs qui sont habitués à se faire rouler dans la farine – sans mauvais jeu de mots – par la mondialisation et le libre-échange, éprouvaient une vague inquiétude quant à la tournure que pourrait prendre un marché trop ouvert en cette période de vive concurrence.

Ils se sont ouverts – c’est le cas de le dire – de leurs craintes à Maxime Berné, le ministre d’État à l’Agriculture. Quelle est la différence entre un ministre d’État et un ministre tout court? Le ministre d’État est en quelque sorte un «petit ministre» qui occupe un poste considéré comme inférieur au sein du cabinet de Stephen J. Harper. Bref, c’est comme un ministre, sauf qu’on ne lui a pas donné la clé des cabinets et qu’il n’est pas autorisé à se servir d’un couteau à table.

Cela n’a pas empêché Maxime Berné de s’engager personnellement à protéger la gestion de l’offre quant aux produits agricoles, de manière à maintenir le niveau de vie des cultivateurs. Bref, quoi qu’il arrive, il semble persuadé de pouvoir s’imposer à lui tout seul contre les Stazunis, le Chili, le Mexique, le Pérou, Brunei, le Japon, la Malaisie, Singapour, le Vietnam, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et... son propre patron.

Est-il besoin de préciser que les agriculteurs sont repartis de leur visite au bureau du ministre d’État confiants en l’avenir?

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