Une chroniqueuse du Journal de Montréal, que le respect m'interdit de nommer, en a proféré une bien bonne, hier. En effet, s'il faut en croire cette jeune personne, sans doute bien intentionnée par ailleurs, la langue française est sexiste et arriérée.
Sexiste d'abord, à cause d'une règle – une seule dans une grammaire qui en compte des centaines – voulant que le masculin, dans une énumération par exemple, l'emporte sur le féminin. En effet, elle semble penser qu'il est tellement plus élégant d'ajouter des répétitions dans un texte, ce qui ne rendrait pas du tout la lecture fastidieuse.
Et arriérée ensuite, parce que c'est une vieille langue, comme toutes les langues, sauf l'espéranto. Ce qui fait que la chroniqueuse pense que les jeunes se désintéressent du français. Ainsi, dit-elle – et il lui incombe alors le fardeau de la preuve –, les gens «de sa génération» y sont moins attachés.
On peut se demander alors quelle serait la corollaire à ce «détachement». Étant en Amérique du Nord, il n'y aurait vraiment que l'anglais, à moins que la jeune personne fasse la promotion de l'espéranto, justement, ce qu'elle ne fait pas. Peut-être devrait-on lui expliquer ce que c'est.
Néanmoins, il faudrait la prévenir que la moitié au moins du vocabulaire anglais provient du français. Méfiez-vous, chère madame, vous pourriez vous retrouver à côté de vos pompes en parlant sexiste et arriéré sans vous en rendre compte.
Finalement, je recommanderais à la chroniqueuse de faire fi, dans son écriture, de la règle qui l'indispose tant. Qu'elle mette du féminin partout, si cela lui chante. D'une part, ses lectrices n'en feront pas grand cas et, de l'autre, ce n'est pas une faute de plus ou de moins qui risque d'atténuer davantage la crédibilité de ses textes.
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