La démocratie du prolétariat
Essai politique fruit des méditations de celui qui a longtemps été surnommé le « dinosaure de la gauche » par l’intelligentsia européenne à la suite de la chute du mur de Berlin et du socialisme en Europe orientale. Autrefois le plus ardent défenseur des idéaux communisants, l’auteur a été depuis sévèrement pris à partie pour son manque d’ouverture et son attachement aveugle à une doctrine politico-économique utopique. D’entrée de jeu, l’auteur démonte le discours dénigreur de ses critiques, affirmant, avec preuves à l’appui, que le discours néo-libéral de la fameuse mondialisation des marchés et de l’économie globale est un amalgame idéologique encore plus utopique que celui proposé par la gauche. Dans un deuxième temps, conscient des critiques adressées aux défuntes démocraties populaires, il propose un modèle renouvelé de socialisme incorporant, sur le plan politique, une structure électorale. Cependant, comprenant l’impossibilité de voir subsister un socialisme miné – pour ne pas dire saboté, comme l’ont démontré au cours du siècle tous les gouvernements de front populaire – par la présence de partis bourgeois, il suggère une démocratie suivant le style en pratique aux États-Unis où, essentiellement, deux tendances ont le loisir de s’exprimer à l’intérieur d’un même système électoral. Ce dernier, placé sous l’égide exclusive d’un parti communiste, voit ainsi s’affronter les tendances au sein de la gauche, excluant les options politiques qui menacent de nuire au bien-être de la majorité, c’est-à-dire les classes laborieuses. Le modèle propose la création de deux pouvoirs, agissant en parallèle avec le Parti, à savoir un corps législatif élu selon le mode occidental par le biais d’élections au suffrage universel, et un corps exécutif, également élu, mais par le biais d’un suffrage restreint, semblable au collège électoral qui élit le président des États-Unis. La troisième partie de l’ouvrage emprunte une voie plus théorique où l’auteur reprend un à un les thèmes centraux du marxisme-léninisme afin de mettre en lumière leur actualité malgré le passage des années et afin de démontrer que leur échec n’a été dû, en fin de compte, qu’à une mauvaise compréhension de leur essence par les dirigeants soviétiques et aussi à un manque de moyens pour les mettre en pratique causé par la destruction des infrastructures industrielles et agricoles en U.R.S.S. au cours de la Deuxième Guerre mondiale. L’auteur intègre en outre certains concepts empruntés au trotskysme où la mondialisation des principes révolutionnaires supplante la notion de mondialisation des marchés et vient compenser l’omnipotence d’un capitalisme débridé qui ne peut déboucher que sur le gaspillage des ressources et sur la subjugation d’un nombre croissant d’êtres humains.
– André Libbe – 364 p. – 1998 – Émouvant plaidoyer en faveur de la justice, et mise à jour éclairée de concepts longtemps tenus pour archaïques. Cet essai, qui a été désavoué par le Parti communiste français, demeure pourtant aujourd’hui une référence incontournable de la gauche renaissante.
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