Et les gants
Jean-Christophe donne le ton par ses mises recherchées de dandy parisien à toute une faune pressée de voir ses dernières trouvailles dans le domaine de la mode. Séducteur impénitent, et un peu gigolo sur les bords, la vie lui apparaît bien davantage comme un jeu facile que comme une épreuve. Aussi évite-t-il systématiquement les pièges de la remise en question, et aussi, surtout dit-il lui-même, s’écartant comme d’une peste de tout ce qui pourrait s’apparenter à l’authentique sentiment amoureux. Ne frayant que dans les cercles de la bonne société, Jean-Christophe se considère comme un homme comblé qui ne demande rien de plus à la vie et dont le plus grand plaisir est de paraître en public en ayant à son bras une femme presque aussi chic que lui. Un jour, pourtant, alors qu’il visite une de ses récentes conquêtes, il arrive au moment d’un essayage. Jean-Christophe s’amuse d’abord aux dépens de la petite grisette qu’il trouve, quoique jolie, plutôt nunuche. Puis, sans qu’il sache pourquoi, il décide de la raccompagner jusqu’à sa boutique. Les jours suivants, il ne peut chasser l’image de la jeune femme de sa mémoire. En désespoir de cause, il se présente à la boutique et l’invite à sortir. Flattée, cette dernière accepte. Jean-Christophe est d’abord sidéré par le manque de raffinement de Marianne, que ce soit à table ou à la ville. Mais, malgré cela, il ne peut manquer de tomber un peu plus sous son charme et ne peut s’empêcher de désirer la revoir. Comme il n’a jamais caché ses conquêtes, il décide, avant de la présenter à ses amis, de faire son éducation. La chose devant se dérouler en secret, il ne peut la placer dans école spécialisée. Jean-Christophe se met au travail, prétextant s’absenter de la capitale quelque temps. Marianne et lui se retrouvent donc dans un huis clos où leurs caractères vont tour à tour s’affronter et se séduire réciproquement jusqu’à ce que l’amour arrive à faire en sorte que l’arroseur soit arrosé. Plus que jamais attaché à Marianne, il accepte de la suivre dans son monde où il découvre pour la première fois de sa vie les contraintes de la vie et, ce qui le bouleverse encore davantage, de constater que ces personnes sont, en définitive, plus heureuses que ses amis ou lui-même, aveuglés par l’opulence. Il réalise finalement que les deux grands pièges dont il se défiait tellement, la remise en question et l’amour, ne sont finalement que les voies sacrées vers ce que peu de temps auparavant Jean-Christophe considérait comme l’insaisissable bonheur. Ses amis d’hier, inquiets de ne plus le voir reparaître, finissent par se détacher de lui, jusqu’au jour où l’un d’eux estomaqué, ayant à son bras une des anciennes maîtresses de Jean-Christophe, découvre ce dernier, en corps de chemise, en train de ramer sur la Seine en compagnie de Marianne. Il s’ensuit la scène cocasse qui a donné au roman sa célébrité et son titre.
– Robert Dicko – 298 p. – 1990 – La renommée du roman n’est plus à faire. Porté au grand écran, il a connu une seconde carrière lorsque le Festival de Reims a honoré le film de la Flûte d’or.
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