mardi 12 juin 2012

Répression tranquille


On a beaucoup abordé la question de la sécurité, en ce qui a trait aux événements qui ont entouré le fameux Grand prix de Montréal. Une banale «course de chars», en bout de ligne.

La sécurité est le leitmotiv de ce début de millénaire. En son nom, on peut incarcérer, gazer, brutaliser, torturer et même tuer en toute quiétude. Personne n’osera piper mot pour dénoncer quelque abus que ce soit, puisque c’est pour la sécurité. Mais est-ce bien vrai? Et pour la sécurité de qui, au juste?

Car dans le cas du Grand prix, la sécurité du public a été dressée comme prétexte pour que la police se livre à sa ration habituelle de profilage, d’arrestations arbitraires et d’exactions de toutes sortes – et je ne parle même pas de la répression habituelle à coups de matraque.

Or, le public a-t-il été menacé par les manifestants? Jamais. Les possédants ont été hués par la foule en colère contre ceux qui la dépouillent posément depuis des lustres. Mais même eux n’ont jamais été menacés physiquement à aucun moment. Il est donc absurdement faux de mettre sur le compte de la sécurité les débordements policiers du week-end.

Ce qui a été menacé, c’est la tranquillité des possédants. La certitude que ce qu’ils font durera toujours avec l’assentiment implicite du peuple, lequel devient populace lorsqu’il gronde comme l’orage.

Ce qui a été menacé, c’est la tranquillité de pouvoir s’en mettre plein les poches avec le pain et les jeux qui, finalement, ne sont vraiment distribués qu’au petit nombre.

Ce qui a été menacé, c’est la tranquillité de la bonne conscience égoïste et indifférente au malheur d’autrui causé par les abus d’un système prévaricateur et sans cœur.

Et lorsque cette tranquillité vacille sur ses bases de fric et d’arrogance, il y en a qui ont peur pour leur aisance mesquine.

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