mardi 25 février 2025

Éternel cilice

 



Lorsqu'on nous dit que le gouvernement n'a pas d'argent ou que le déficit se creuse, cela est bien entendu un signe qu'il nous faudra se serrer la ceinture encore un peu plus.

En fait, c'est le discours dominant depuis, essentiellement, le début des années 1980. Sauf que – on le constate aujourd'hui – les sacrifices ne semblent devoir être consentis que par la population. Les dirigeants, eux, continuent d'agir comme si les fonds étaient illimités.

Combien de fois de grands projets ont-ils dépassé leurs budgets? Les exemples abondent et on ne prendra la peine de ne signaler que les hôpitaux universitaires, les réseaux de métros de banlieue ou les systèmes informatiques. Et encore, les dépassements budgétaires ont aussi un revers de médaille assez peu reluisant. Car si les coûts sont exorbitants, le résultat final est marqué par l'incompétence dans la menée des travaux.

Comment les décideurs font-ils pour se maintenir en selle après avoir fait preuve d'un tel laxisme couplé à une si profonde incompétence? C'est très simple; il y a deux solutions. Ou bien il incombe de trouver un coupable, un seul, et de le sanctionner sévèrement. Bref, trouver un bouc émissaire qui va payer pour tout le monde, et ce, bien au-delà de sa faute. Ou bien – et c'est la technique préférée – il suffit de noyer le poisson. Il n'y a qu'à faire en sorte que tant de mains ont pétri la mauvaise pâte qu'il devient impossible de désigner ne serait-ce qu'un seul responsable.

Lorsque l'heure de rendre des comptes sonne, on assiste alors à un jeu de patate chaude où les reproches sont tellement nombreux, et lancés dans toutes les directions, qu'ils tombent dans le vide. Comme ils n'ont atterri dans le giron de personne et qu'ils finissent par terre, il suffit alors de les balayer sous le tapis afin de les ajouter aux autres faux-fuyants que nos courageux politiciens tentent ainsi de soustraire à la mémoire collective.

Et surtout, n'oubliez pas un point essentiel du gaspillage institutionnel: continuez à vous serrer la ceinture.


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