Cette époque-ci colle !
Essai apologétique sur le retour en force du libéralisme auquel les conditions actuelles méritent le terme de « nouveau », ne serait-ce qu’à cause de la nature changeante des défis qui l’attendent dans les années à venir. L’ouvrage est divisé en deux parties principales. La première explique en détail quelles sont les conditions qui ont forcé le libéralisme à s’adapter afin de répondre aux besoins de l’économie de l’après-guerre froide. Ainsi, l’auteur révise, non sans une bonne dose d’esprit critique, la nouvelle donne mondiale, en particulier les grandes lignes du libre-échangisme et du libéralisme économique en fonction de la mondialisation des marchés et de l’abaissement des barrières douanières, en particulier depuis la chute du mur de Berlin, qui fait figure de symbole. Utilisant comme modèle de référence le phénomène analogue qui, de la fin du XIXe siècle jusqu’à la Première Guerre mondiale a caractérisé l’Occident, il remet les pendules à l’heure. Selon lui, la disparition des marchés coloniaux, tout en forçant les économies à s’ajuster dans un contexte encore plus concurrentiel, élimine un important brandon de discorde que l’auteur rend seul responsable de l’éclatement du modus vivendi occidental du tournant du siècle, qui a mené directement à la guerre. Dans un deuxième temps, l’auteur fait ressortir les « colles », comme il nomme les défis que la nouvelle économie et le néolibéralisme en tant que modèle économique devront relever dans les décennies à venir. Il faudra alors en arriver à une stabilité où la prospérité commune pourra être assurée non seulement en Occident, mais également sur tous les continents où la survivance des régimes de gauche – en particulier en Chine, en Corée du Nord et au Vietnam – présentent les principaux obstacles à l’essor universel. Les « colles » qui se présentent donc à l’orée du prochain siècle sont, par ordre d’importance : la disparition définitive du néocolonialisme, jugé plus bénin que son prédécesseur ; la concentration de la richesse collective en un nombre de plus en plus restreint de mains ; mobilité accrue du capital grâce aux nouvelles technologies de communications et son corollaire, la mutation en de nouvelles formes du capital-argent ; plafonnement de l’emploi qui, bien que mal nécessaire, comporte tout de même quelques légers inconvénients à l’éclosion du néolibéralisme. En dépit de ces rares bémols, l’auteur demeure optimiste quant aux décennies à venir et s’en remet avec confiance à la capacité d’adaptation de ce système économique qui, bien que toujours menacé de toutes parts par la social-démocratie, reste le meilleur qui soit, tant dans une perspective strictement économique que dans celle de la politique, qu’elle soit nationale ou globale.
– Guillaume Röhn – 212 p. – 1996 – Évitant avec justesse les pièges des formules toutes faites dont les soi-disant experts se gargarisent, l’auteur élabore un vocabulaire de circonstance afin de mieux cerner les concepts qui, dans les médias, se recouvrent trop souvent. Analyste de grand style, il nous offre un essai à la limite du journalisme d’enquête.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire