mercredi 15 mai 2019

Mêle où?




Souvent, on me demande: «Mais Lou, comment fait-on pour reconnaître une tentative de manipulation de l’information?»

C’est effectivement une excellente question à laquelle il n’est pas toujours aisé de répondre. Mais on note tout de même quelques constantes.

D’abord, il est évident que la manipulation doit être mise en scène dans un domaine où on souhaite intervenir. Il faut donc rendre plausible, voire souhaitable, une intervention qui est très souvent de nature militaire.

Ensuite, comme le prétexte est bien entendu fallacieux, on doit éviter de donner trop de détails. Sinon, la moindre erreur risque de discréditer toute l’affaire. En outre, présenter la chose sous des dehors aussi vagues que possible fait également planer une aura de mystère, ce qui ne peut qu’attiser l’intérêt.

De plus, il faut que les victimes soient à la fois innocentes et crédibles. Il n’est pas toujours possible de trouver ces deux caractéristiques chez les mêmes personnes. On peut alors prétendre que certaines des victimes sont innocentes, tandis que d’autres sont crédibles.

Dans le même ordre d’idées, il ne faut jamais manquer de souligner à quel point la situation créée est injuste, que l’action qui la sous-tend est criminelle et que l’instabilité ainsi instaurée est menaçante.

Il est également essentiel de désigner un coupable ou, à tout le moins, de laisser le public le désigner lui-même, ce qui évite aux conspirateurs de porter des accusations mensongères ou suspectes. 

Enfin, il faut, lorsqu’on rapporte la fausse nouvelle, laisser entendre qu’il y a péril en la demeure, de sorte que le public soit enclin à attendre une action tout aussi rapide qu’énergique.

Comme rien ne vaut un exemple, j’attire votre attention sur une «nouvelle» datant de lundi dernier mentionnant que des «actes de sabotage» ont endommagé des navires – deux saoudiens et un norvégien, entre autres – dans le Golfe persique. Les «actes» en question n’ont pas été précisés, et les auteurs non plus, mais le «sabotage» a été qualifié de «grave» par l’Arabie saoudite, un allié inconditionnel des Stazunis. L’événement se situe dans un contexte de tensions grandissantes là où transite une part importante du pétrole produit dans la région et sise littéralement au large de l’Iran.

Ça ne vous donne pas envie d’une intervention militaire contre ce pays?

Aucun commentaire: