mercredi 14 janvier 2015
L'État providence croupion
L'État providence, épouvantail de fin du siècle dernier en notre beau Québec sucré en or tendre... Que de choses n'ont-elles pas été dites – et jamais de manière flatteuse – à propos de ce concept archaïque, dépassé, désuet, obsolète, pour ne pas dire rétrograde. En effet, la plus élémentaire lucidité ne pouvait que s'élever en faux contre toute entrave au chacun pour soi et au «après-moi-le-délugisme». (Ce dernier terme est une pure invention de ma part et pourrait être rangé sur la même tablette que l'«auto-pelure-de-bananisme».)
Combien de fois des esprits supérieurs ont-ils expliqué, au bénéfice de nos têtes dures, que l'État providence n'était pas financièrement viable. Qu'une telle manière de gérer les deniers publics coûtait trop cher et qu'il fallait s'en remettre au secteur privé afin d'apporter à l'administration de nos affaires la réputée efficacité des gestionnaires contemporains.
Bref, secteur public et secteur privé se trouvaient respectivement à chacune des extrémités d'une balançoire à bascule. Il faut toujours qu'il y en ait un des deux qui monte, tandis que l'autre descend. De nos jours, et depuis cette glorieuse fin de siècle à laquelle je faisais allusion à l'instant, nous constatons lequel monte et lequel descend.
À preuve de l'efficacité du secteur privé: nous n'avons jamais été aussi pauvres. Évidemment, ce n'est pas l'efficacité promise, mais il n'en reste pas moins qu'il y a belle lurette que l'État n'a si peu dépensé au bénéfice de ses citoyens. Enfin, de la majorité de ses citoyens.
Car il y a une infime minorité à laquelle l'État pourvoit plus qu'abondamment. Curieusement, personne ne songe une seconde à réclamer l'abolition de cet État providence croupion.
Et pourtant, celui-là est encore moins efficace que l'autre.
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