Qui n’a pas déjà entendu cette phrase prononcée, à la légère la plupart du temps, en guise d’argument final lors d’une conversation ou d’un débat de société. Qu’il s’agisse d’un plan quelconque, peu importe son point cardinal, ou d’une énième compression du filet social, un ponte quelconque finit toujours par mettre le point final en garantissant des effets économiques bénéfiques. Effets que personne, jamais, ne voit sous forme concrète.
Pour cette raison, je me suis longuement interrogé quant à savoir exactement ce que peut bien vouloir dire ce mantra qui, comme tant d’autres phrases creuses, ne veut finalement peut-être rien signifier du tout. Une sorte de crépi verbal pour masquer l’absence de pensée.
Après mûre réflexion, force est de constater que l’expression a bien une signification, mais qu’elle est mensongère – pour ne pas dire viciée – à la base. Car l’économie concerne tout le monde, sans exception. Il s’agit du réseau d’échanges au sein duquel les individus évoluent et qui permet de répondre à leurs besoins. En théorie, ce qui est bon pour l’économie est favorable pour la totalité des personnes.
Mais nous ne vivons pas dans un système économique qui sert l’ensemble des humains. C’est un système qui sert uniquement une minorité. On appelle cela le capitalisme qui tire son nom, selon un certain philosophe du XIXe siècle, de l’objectif de ce système consistant à accumuler et à concentrer le capital. Autrement dit, à produire le plus d’argent possible – l’accumulation – et à ne le laisser qu’entre les mains du plus petit nombre d’individus possible – la concentration.
Bref, dans un système capitaliste, ce qui est bon pour l’économie est forcément néfaste pour le plus grand nombre, car ledit système consiste à prendre la richesse du plus grand nombre afin de la faire passer sous le contrôle exclusif d’une minorité de plus en plus infime.
La prochaine fois que vous entendrez l’expression «c’est bon pour l’économie», vous saurez qu’on vous prépare un coup de salaud, à moins que vous ne soyez le camarade Desmarais ou le camarade Péladeau.
Pour simplifier, mettons que vous vous situez aux antipodes de l’économie.
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