jeudi 10 mai 2012

Les saucisses du recteur


L’entente que les étudiants ont rejetée, cette semaine, m’a porté à réfléchir.

Dans ses grandes lignes, ladite entente prévoyait qu’un comité fût formé où auraient siégé des représentants étudiants, syndicaux, universitaires et gouvernementaux afin de scruter les budgets des universités. Toute dépense jugée inutile aurait alors fait l’objet d’une recherche plus assidue; le cas échéant, les sommes excédentaires auraient été imputées aux frais afférents, diminuant ainsi la facture trimestrielle des étudiants.

À première vue, cela semblait une bonne idée. D’une part, le gouvernement parvenait à sauver la face; comme son visage en compte deux, c’était déjà une grande économie. De l’autre, les étudiants espéraient ainsi réduire la globalité de leurs frais de scolarité.

Je me suis demandé comment la chose se serait passée avec un exemple concret. Ainsi, j’ai cherché dans ma mémoire le plus bel exemple de gabegie universitaire et la réponse m’est venue toute seule : l’îlot Voyageur.

Qu’en aurait-il été de ce dossier si le comité mentionné plus haut avait existé à l’époque? La même chose, je le crains.

Si les représentants étudiants avaient exigé – encore aurait-il fallu qu’ils soient en position de force pour le faire – de revoir les budgets engloutis dans ce désastre, que leur aurait-on répondu? La même chose qu’aux fonctionnaires. On aurait minimisé les dépenses liées au projet et on aurait exagéré les revenus escomptés, de manière à laisser croire que le tout était une entreprise garantissant des profits à la hausse.

En bout de ligne, la seule chose qui aurait été à la hausse aurait été, comme maintenant, les frais de scolarité.

On veut lier baisse des frais de scolarité et contrôle des dépenses universitaires? Pour y arriver, il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Attendre que les universités fassent le ménage de leur écurie avant de réduire les frais ne fonctionnera tout simplement pas. Qu’on réduise les frais de scolarité et alors – seulement alors – les universités seront bien obligées de gérer leurs affaires avec probité.

Agir autrement, ne servirait qu’à attacher son chien avec des saucisses; ou son recteur avec des dollars…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Salut Lou !

Merci de partager ta réflexion et de me permettre cette petite soupape de liberté d'expression !

Comme personne ex-étudiante, comme personne multi-diplômée universitaire, comme personne employée, comme personne directement lésée par des lacunes administratives du système de gestion universitaire, je suis unaniment d'accord qu'il y a place à l'amélioration dans l'éducation au Québec!

Mais que peuvent faire dans un "comité" 4 étudiantes-étudiants plein de pep en face de 19 poids lourds rompus à l'art de réserver des informations, de donner le sens voulu aux informations parcellaires et capables de demander la confiance sans contre-partie ?

Est-ce que le pattern "Québecois" d'enlever le pouvoir aux citoyens de savoir, de décider et d'agir démocratiquement, pour remettre ce pouvoir dans les mains des "bons pères de famille" qui savent entre eux ce qui est bon pour nous tous, est-ce que notre mode de représentation va se maintenir efficacement encore longtemps ?

Quand le gouvernement ne peut admettre que les étudiants veulent des universités qui fonctionnent de manière intègre? Quand une population traumatisée par la loi et l'ordre ne peut comprendre que les étudiants veulent un enseignement de qualité dans un environnement scolaire qui pratique ce qu'il enseigne, est-ce qu'on a devant nous des forces de blocage ou des forces de changement?

Je partage ta métaphore de la laisse saucissonnée ou argentée du milieu universitaire ! Mais au fait qui tiens la laisse ?

Au plaisir de lire tes observations et tes interrogations

Michel-le, une personne de Brossard ;-)

Ps Une personne pour le bien qui ne veut pas attirer le mal en s'exprimant parce que je connais un des prix de la liberté. Je supporte le mouvement étudiant pour une meilleure société.