lundi 18 juin 2018

Pauvre novlangue



Cela me fait toujours sourire – sourire crispé, bien sûr – lorsque j’entends parler de la «pauvreté chez les enfants». Dès ce moment, les violons sont accordés et on en perçoit les sanglots longs qui résonnent sur toutes les tribunes, à commencer par celles des politiciens.

Ah oui! combien est funeste cette pauvreté-là! Elle hypothèque non seulement la jeunesse de ses pauvres – sans mauvais jeu de mots – petites victimes, mais également l’avenir de la société tout entière. Que ne projette-t-on pas de faire, d’ailleurs, pour l’éradiquer d’ici 20 ans? On disait cela, il y a 40 ans – on le dit encore aujourd’hui – et, à ce train-là, on le dira encore dans 60 ans.

C’est vrai que la pauvreté est un fléau qui cause une grave exclusion sociale. Mais trop souvent, de nos jours, elle est instrumentalisée afin de donner bonne conscience à ceux qui se drapent dedans sous prétexte de vouloir l’abolir alors que, en fait, ils ne veulent s’en servir que pour se bâtir un capital politique.

Le véritable problème de ce discours, c’est qu’il recèle une double exclusion sociale. Celle des enfants frappés par la pauvreté, évidemment. Mais aussi une autre, car, dans les faits, si on veut éradiquer la pauvreté chez les enfants, il faut d’abord l’abolir chez leurs parents.

Or, cette pauvreté-là, on s’entend généralement pour dire qu’on ne veut l’abolir que dans 40 ou 50 ans…

Mais, ça, seulement dans les rares cas où on en parle.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Dans la nouvelle traduction de 1984, novlangue a été remplacé par néoparler. Il n’y a plus rien de sacré.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Novlangue