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SLÀV est un spectacle de chants liés à l’esclavagisme dont furent victimes Bulgares, Irlandais, Bengalis et aussi les Africains. Mis en scène par Robert Lepage, il a été préparé et exécuté par Betty Bonifassi, et présente les chants des esclaves attendant leur libération. D’aucuns pourraient ranger ce genre de spectacle parmi ceux que certains ont connu au début des années 1970 au Québec sous le titre Chants et poèmes de la résistance.
À l’époque, ces spectacles étaient parrainés par la gauche, mais, apparemment, ce n’est plus le cas. On nous dit que l’extrême gauche s’est braquée contre la représentation et qu'elle a appelé à son boycottage, voire même à son annulation. Cette interprétation est tout à fait erronée, car ceux qui s’insurgent contre ce qu’ils qualifient d’«appropriation culturelle» ne sont pas des gauchistes extrêmes; pas même des gauchistes tout court. Il ne s’agit en fait que d’une noria d’outrés chroniques cherchant tous les prétextes afin de faire reluire au soleil leur pesante bien-pensance.
Pesante et bien souvent hypocrite puisque, au fond, le fait d’apprécier la culture de l’autre n’est-il pas un pas dans la direction de l’ouverture d’esprit et de la tolérance? Est-il besoin pour cela que, dans le cas de chants d’esclaves, la personne responsable de la mise en scène soit esclave elle-même? Il ne faudrait alors pas oublier que le terme «esclave» fut construit à partir du terme «slave», ce qui nous donne une vague idée de la provenance de la matière première du commerce esclavagiste au cours de l’Antiquité.
Or, si les chants bulgares sont exécutés par des Africains, ne serait-ce pas aussi de l’«appropriation culturelle»? Encore faudrait-il savoir ce que ce terme signifie exactement.
C’est comme cette prétendue «extrême gauche»; on ne peut manquer de se demander ce qu’elle cherche à s’approprier. Certainement plus de la lutte de classes, en tout cas!
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