KVQ
Yann est un jeune propriétaire d’entreprise de très belle prestance à qui tout réussit. Qu’il s’agisse de sa vie professionnelle ou de sa vie privée, son bonheur est sans nuages. Un matin, tandis qu’il se trouve incommodé par les signes avant-coureurs d’une mauvaise grippe, il ne réalise pas que sa vie est sur le point de basculer. Prisonnier d’un embouteillage à des kilomètres de son bureau, il constate avec désespoir que sa voiture surchauffe. Bientôt, elle rend l’âme au milieu d’une voie rapide transformée pour la circonstance en terrain de stationnement. Il abandonne son véhicule à son sort sous les insultes des autres automobilistes et tente, par monts et par vaux, de rejoindre son lieu de travail. Après maintes péripéties où, entre autres, son pantalon est déchiré par un chien dangereux et où un routier lui vole son portefeuille, il parvient de peine et de misère devant l’entrée de l’édifice abritant son bureau. Mais l’endroit est rendu inaccessible par des piquets de grève des travailleurs du gouvernement. Grâce à des ruses de Sioux, Yann parvient à entrer subrepticement dans l’immeuble et à gagner son étage pour apprendre de la bouche de sa secrétaire, seule employée en poste, que l’édifice est pour ainsi dire bouclé. Tout en enfilant un complet de rechange qu’il garde dans le placard de son bureau, Yann prend la chose avec philosophie quand, soudain, il réalise que, en cette journée, il devait recevoir un important client afin de signer avec lui un contrat qui devait mettre sa compagnie à l’abri des créditeurs. Sans ce contrat signé dans les délais, c’est toute son entreprise que Yann risque de perdre. Incapable de joindre son client, Yann tente de l’intercepter avant qu’il ne soit refoulé par les grévistes. Arrivé trop tard, il cherche réconfort auprès de sa maîtresse qui habite à proximité. Mais une mauvaise surprise l’y attend quand il la surprend au lit avec deux hommes. Profondément ulcéré, il part à toutes jambes, apprenant de sa secrétaire que la police le cherche pour avoir abandonné son véhicule sur la voie publique. Il décide de rentrer à la maison, mais il doit subir toutes les tracasseries des transports en commun alors que les mésaventures se multiplient à son encontre. Une fois chez lui, il constate avec horreur que sa maison a été complètement vidée et qu’il n’y reste plus que ses vêtements, empilés dans l’entrée, et une photo de lui en compagnie de sa maîtresse épinglée sur le mur. Désespéré, Yann se précipite vers la rivière et s’y jette depuis le parapet du pont. Il tombe la tête la première sur une roche affleurante et son cadavre est terriblement défiguré. Le lendemain, sa photo apparaît en première page des journaux avec la mention : « Cas vécu ! »
– Margotte Lacaille – 290 p. – 1998 – Rarement la notion de fatalité aura-t-elle été traitée avec plus de finesse et d’humour que dans cette oeuvre où le lecteur est constamment pris à partie comme juge et témoin des aléas de la vie.
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