samedi 13 novembre 2021

Remises à pieds

 



Le Conseil du patronat du Québec (CPQ), le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ), la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) et la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) – bref, l’association de tous les exploiteurs (ATE) – déplorent le manque de main-d’œuvre frappant actuellement le Québec.


Pourtant, lorsque leurs mises à pied sauvages, en temps de prospérité, frappaient les travailleurs, ils expliquaient que cela était rendu nécessaire afin de garantir leurs profits. Puisque moins de salariés signifie plus d’argent dans leurs poches, je ne vois pas de quoi ils se plaignent maintenant.


Coderre de der?


Depuis le temps qu’on a appris ce que vaut la parole de Denis Coderre, on est en droit, désormais, de se demander où il se présentera la prochaine fois.




*http://buffetcomplet.blogspot.com/2021/11/cas-dere-coderre.html
 

vendredi 12 novembre 2021

Catalogue

 

Le Bonaparte manchot


Un écrivain sans le sou, Alexandre, met la dernière main à son nouveau roman. De l’avis général, et du sien aussi, il s’agit de sa meilleure oeuvre. Comme bien des écrivains, sa situation financière n’est guère brillante. D’ailleurs, ces derniers temps, elle s’est sérieusement détériorée, aussi s’empresse-t-il de faire parvenir le manuscrit à son éditeur. À qui veut l’entendre, il répète qu’il attend une réponse positive et, déjà, il se voit en lice pour un prix littéraire ou, à tout le moins, une subvention du ministère de la Culture. Mais lentement les semaines font place aux mois, lesquels se succèdent sans que la nouvelle tant attendue ne lui parvienne. Impatient, Alexandre prend contact avec sa maison d’édition, mais ce n’est qu’à grand-peine qu’il parvient à parler au responsable qui, lors d’une brève conversation téléphonique, se contente d’expliquer à Alexandre que le comité de lecture doit rendre sa décision incessamment, mais sans s’engager davantage. Alors que le temps passe et que les difficultés financières se multiplient, Alexandre se fait plus pressant et, à chaque nouvelle conversation, le responsable se fait de plus en plus hautain et autoritaire, se permettant même de livrer à l’auteur quantité d’excuses que ce dernier sait être fausses. Désormais menacé de faillite alors que son nouveau roman n’avance plus guère faute de moyens, Alexandre apprend deux mauvaises nouvelles. D’abord, son banquier lui réclame illico le paiement des mensualités sur sa voiture. Ensuite, sa femme lui annonce qu’elle en a assez de subvenir aux besoins d’un artiste raté. Abandonné et démuni, Alexandre trouve finalement refuge dans une misérable petite chambre, dont il n’a même pas les moyens d’assurer convenablement le chauffage. Ses jours passent désormais dans un semi-délire où il implore les êtres et les choses de bien vouloir lire le roman dont il raconte par le détail les moindres péripéties. Le reste de son temps, il rêve à l’appartement où il ira vivre bientôt, avec ses grandes pièces et, surtout, symbole absolu de confort matériel dans son dénuement glacé, son chauffage central. Il ne lui reste d’ami qu’une ancienne flamme qui s’émeut de son état et le pousse à reprendre le travail. Alexandre, plutôt que de se mettre à l’écriture, entreprend plutôt une campagne dans la presse et dans le milieu littéraire afin de dénoncer le laxisme et le mépris de son éditeur qu’il surnomme le « Bonaparte manchot », sans doute une allusion à l’impuissance de Bonaparte devant les steppes glacées de Russie. Alors que le printemps arrive à point pour soulager sa misère physique et morale, les lettres de diverses maisons d’édition commencent à affluer chez lui afin de réclamer une copie de son manuscrit.


 – Judes Mindes-Villin – 298 p. – 1991 – Écrivant en pleine connaissance de cause, l’auteur a connu la déréliction matérielle pendant de nombreuses années, marchant littéralement dans les traces de Jack Kerouac, alors que, itinérant, il a erré à la recherche d’absolu. Rescapé par la littérature, il s’est affirmé comme un des écrivains les plus éclatants de sa génération.

jeudi 11 novembre 2021

Plus ça Olymel, plus c'est pareil

 



Le jour du souvenir




S’il est une occasion soulignée à grands traits, au CAnada, c’est bien le jour du Souvenir. En effet, le 11 novembre prenait fin la Grande Guerre, celle qui a duré de 1914 à 1918. Ce conflit, en plus de causer des millions de morts et des destructions innombrables, a entraîné, soit immédiatement ou à moyen terme, la chute d’au moins cinq empires et l’affaiblissement irrémédiable de l’Europe devant l’ogre yankee.


Chaque année, il est de mise – davantage pour ceux et celles dans l’œil des caméras – de porter le coquelicot. De même, les autorités, aidées en cela par les médias, insistent auprès de la population afin de raviver le souvenir des combattants ayant sacrifié leur vie au bénéfice d’empires qui ont pourtant fini par s’écrouler. 


De nos jours, on évoque surtout la mémoire des soldats qui ont laissé leur vie dans de lointaines contrées au service de l’empire yankee. Il est atavique, pour le CAnada, de toujours se battre et de verser le sang de ses citoyens au service des autres.


C’est dommage que, le jour du Souvenir, on l’oublie toujours.


mercredi 10 novembre 2021

Catalogue


 Le bien-fait-pour-sa-gueule


Un groupe d’amateurs de théâtre, qui se réunit tous les mercredis pour s’adonner à son passe-temps préféré, s’attarde, après les représentations, afin de discuter de choses et d’autres. Le plus souvent, le sujet à l’ordre du jour est l’excès de violence au cinéma que ces bonnes âmes déplorent vivement et contre laquelle elles estiment qu’une action énergique devrait être entreprise. Octave est l’un de ceux que l’inertie de ses contemporains et celle du gouvernement choque tout particulièrement. Un soir, il suggère à quelques-uns de ses compagnons un plan radical afin de secouer cette inertie impardonnable et immédiatement met sur pied l’Association du bien-fait-pour-sa-gueule. Il s’agit ni plus ni moins de regrouper des hommes et des femmes déterminés et de les envoyer en mission dans les salles de cinéma. À chaque fois qu’un des protagonistes à l’écran subit une fin violente ou une quelconque forme de voie de fait, le commando doit s’exclamer à tue-tête dans la salle obscure : « Bien fait pour sa gueule! » Les premières interventions de l’Association surprennent le public. Si, au début, ce dernier se fait indulgent et, dans une certaine mesure, accommodant, il se lasse vite de la bande d’énergumènes qui vient chaque fois gâcher son plaisir. Aussi, les interventions de l’Association deviennent-elles de plus en plus risquées, tandis que la patience des amateurs de cinéma est de plus en plus mise à rude épreuve et que des échauffourées éclatent dans les salles, forçant ainsi l’intervention de la police. Qui dit police dit également arrivée des journalistes et, du jour au lendemain, l’Association du bien-fait-pour-sa-gueule atteint une notoriété plus qu’enviable. Ses membres sont publiquement félicités par des personnalités en vue, Octave est même reçu par quelques ministres. Cette popularité voit des volontaires affluer dans les rangs de l’Association, ce qui permet de pallier les risques que couraient les commandos en mission. Désormais, c’est en groupes compacts que les membres prennent d’assaut les salles de cinéma. Graduellement, l’industrie du cinéma, craignant que de telles manifestations ne dégénèrent en émeutes, préfère en revenir à un genre cinématographique plus convivial. Alors que Octave et les siens sont applaudis par toute la société des bien-pensants et qu’ils savourent une victoire chèrement acquise, une ombre se profile à l’horizon tandis qu’ils entendent parler d’une invention qu’ils comprennent mal, voire pas du tout, et qui, disent les experts, symbolisera le triomphe de leur action pacificatrice : la télévision.


 – Édith Hallal – 364 p. – 1991 – Il s’agit ici moins d’un roman humoristique que d’une allégorie, hilarante par moments, où sont mis en lumière non seulement les travers de la société enfantée par les médias, mais également la complaisance des masses qui se laissent manipuler avec plaisir.

Mauvais Singh

 


mardi 9 novembre 2021

Cas d'ère Coderre

 


Montréal vue du fil

 


lundi 8 novembre 2021

Catalogue

 

Les bat-culottes


Au moment de la Révolution française, différentes factions se forment. Les sans-culottes constituent les républicains les plus ardents et les plus extrémistes. Ils tirent leur nom du fait que les hommes du peuple portaient le pantalon, tandis que la culotte était considérée comme un vêtement exclusivement aristocratique. Tandis que les sans-culottes prennent en quelque sorte le contrôle de la ferveur révolutionnaire, un sous-groupe se constitue dans leur ombre. Il s’agit des épouses des dirigeants révolutionnaires dont le rôle est de recruter d’autres femmes au service du peuple. Étant donné qu’elles adoptent, en bien des occasions, un discours encore plus virulent à l’encontre de l’aristocratie, leur groupuscule est rapidement nommé les bat-culottes. Des luttes intestines éclatent quant à l’orientation qu’elles désirent donner à leur action, certaines allant même jusqu’à exiger d’occuper une position de premier plan à l’Assemblée constituante. Clémentine Ilhon réussit à s’imposer en tant que dirigeante des bat-culottes, à faire rentrer dans le rang les plus contestatrices et à faire accepter à son mouvement un rôle secondaire. Cependant, entre-temps, la Révolution a dérapé et la Terreur s’installe avec, à sa tête, la figure redoutable de Robespierre. Remarquée par le Comité de salut public pour son zèle révolutionnaire, Clémentine Ilhon est appelée par Saint-Just à « ne plus fermer les yeux », confirmant les bat-culottes dans leur rôle de chien de garde de l’esprit révolutionnaire. Encouragées à dénoncer les aristocrates en fuite, les traîtres de tous poils et surtout les « voleurs de pain », les bat-culottes se déchaînent alors et fournissent, selon les décomptes de l’époque, prés de dix-huit pour cent des victimes de la guillotine. Non contentes de servir le bras de la justice, les bat-culottes organisent en plus les « présences » au moment des exécutions où, aux premiers rangs, elles conspuent les victimes et applaudissent chaleureusement les bourreaux. Elles deviennent par le fait même un des soutiens les plus actifs de Robespierre jusqu’au moment où son autorité commence à être remise en question. Elles ne peuvent empêcher sa chute, laquelle d’ailleurs entraîne la leur. Les bat-culottes sont alors pourchassées et arrêtées par toute la France. Cependant, ce sont les bat-culottes de Paris qui connaîtront le sort le moins enviable. Ses têtes dirigeantes figureront parmi les dernières victimes de la guillotine, les autres seront pour la plupart emprisonnées. Une poignée de bat-culottes parviennent à s’échapper, dont Clémentine Ilhon qui s’exile en Angleterre où elle sera empoisonnée, d’aucuns diront exécutée, le 10 octobre 1795 par une jeune aristocrate française également exilée.


 – Henri Tournel – 320 p. – 1992 – Inspiré d’une thèse de doctorat publiée au début des années 1980, Henri Tournel a poursuivi les recherches afin de cerner les personnages qu’il tire de l’oubli de l’histoire, en particulier Clémentine Ilhon, pour qui il ne cache pas une admiration certaine.


Montréal vue du sol