vendredi 12 février 2016

Trudeau et la lune



Le premier ministre du CAnada, un certain Justin Trudeau m'a-t-on dit, a rencontré dernièrement le secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-moon. En passant, il ne faut pas confondre ce dernier avec le regretté révérend Sun Myung Moon qui n'a avec lui aucun lien de parenté. Mais peut-être une certaine convergence politique.

M. Trudeau a profité de ladite rencontre pour exprimer son intention d'obtenir un siège au Conseil de sécurité de l'organisation internationale. On le comprend. Moi-même, j'avais exprimé le désir d'y siéger. D'abord, les fauteuils sont extrêmement confortables et d'une propreté irréprochable. Ensuite, le service de traiteur est de première qualité; le meilleur de New York. Enfin, les heures de travail sont brèves et les tâches elles-mêmes sont très légères. Il suffit de développer une facilité pour le chipotage et la perte de temps.

Malheureusement, l'autre soir, M. Ki-moon – ou est-ce M. Ban? – m'a téléphoné. Du moins, il me semble bien que c'est lui, ou alors était-ce peut-être le révérend Moon, le nouveau messie, qui me contactait d'outre-tombe. D'une politesse raffinée, voire même un peu cauteleuse, il m'a exprimé ses regrets à l'effet que ma candidature n'avait pas été retenue. En effet, l'Organisation avait préféré attribuer la place à un de mes voisins.

Alors bonne chance, M. Trudeau. Avant que mon voisin se désiste, il va couler du pétrole dans le pipeline Energy East!

jeudi 11 février 2016

USA, you essaies!



Vous connaissez le McGurk? Non, il ne s'agit pas d'une sorte de purgatif offert par une chaîne de restauration rapide yankee. Brett McGurk est «l'émissaire spécial du président Barack Obama pour la coalition internationale anti-djihadiste». En termes clairs, il s'agit d'un poste honorifique dépourvu de toute portée pratique en matière de politique internationale.

Et c'est fort heureux, car M. McGurk n'a pas l'air trop au fait de la réalité prévalant en Syrie, région dont il s'occupe tout particulièrement actuellement. En effet, il a déclaré – sans rire – que les frappes aériennes russes autour de la ville d'Alep (nord-ouest) favorisent directement l'essor de l'État islamique. Comment quelqu'un de – théoriquement – lucide peut-il affirmer une telle fausseté? Difficile à dire.

Il est vrai qu'il est un Yankee et que les Yankees ont passé une année à bombarder les positions de l'État islamique. Au cours de cette période, l'organisation terroriste n'a fait que se renforcer et gagner du terrain.

Dans ces circonstances, on peut comprendre que M. McGurk craigne que l'armée russe soit aussi inefficace que la sienne.

mercredi 10 février 2016

Eau-stérité

Que je sache, l'histoire n'a pas eu un grand retentissement du côté nord de la frontière. Cependant, elle a causé une certaine commotion aux Stazunis. Il s'agit de la question de l'eau potable à Flint, au Michigan.

Un peu d'histoire, d'abord. La ville, située à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Detroit, a longtemps été un centre de la production automobile, ce qui lui a conféré une solide prospérité. Cependant, au cours des années 1980, la compagnie General Motors a progressivement cessé ses activités industrielles, transformant de facto la municipalité en zone dévastée*.

Aujourd'hui, Flint cumule les records de chômage, de pauvreté et de criminalité. Quant à ce dernier aspect, il faut bien souligner que l'exacerbation de ladite criminalité n'est pas uniquement le fait d'individus démunis. Elle implique tout autant les dirigeants.

Évidemment, la décadence économique de Flint a entraîné d'insurmontables problèmes budgétaires. En conséquence, les autorités ont dû recourir à d'extrêmes mesures d'austérité afin de faire face à la crise. Ces mesures ont-elles permis de redresser la barre? Pas du tout. En définitive, et dans le meilleur des cas, l'austérité n'a fait que perdurer la situation catastrophique, quand elle ne l'a pas empirée.

À preuve, le scandale récent. Afin d'économiser un peu d'argent**, les responsables ont négligé les avis des scientifiques qui ont détecté la présence de plomb dans l'eau potable de la ville, apparemment due à la corrosion qui s'est attaquée aux conduits municipaux. Ils sont même allés jusqu'à empêcher l'information d'être diffusée dans les médias. Pendant 2 ans, la situation est restée sous le boisseau. Inévitablement, les problèmes de santé ont commencé à apparaître, ce qui a fait éclater toute l'affaire.

Aussi, permettez-moi un conseil. La prochaine fois que quelqu'un fera la promotion d'une éventuelle austérité budgétaire devant vous, dites-lui que cette personne n'a pas de plomb dans la tête.




* À ce propos, voir le film documentaire de Michael Moore, Roger et moi.


** Selon les experts, il en aurait coûté 100 $ par jour à la municipalité pour enrayer le problème.

L'effet du passif*



* Voir http://buffetcomplet.blogspot.ca/2016/01/le-passif-de-lactif.html

mardi 9 février 2016

Toute petite, la planète



Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais depuis que la planète est devenue toute petite avec l'avènement d'Internet, il s'est produit un étrange phénomène. Quand on raconte que la planète est devenue toute petite, on veut essentiellement dire que n'importe qui dans le monde peut désormais entrer en contact avec n'importe qui d'autre. À condition d'avoir une connexion au Web et d'avoir de l'électricité dans sa communauté. Ce n'est pas encore le cas de tout le monde dans le monde, mais de beaucoup de monde.

Or, depuis que la planète est devenue toute petite, et que conséquemment tous peuvent échanger – ou à tout le moins donner leur opinion –, la situation a évolué très rapidement. Graduellement, les autorités ont commencé à développer des techniques afin, sinon de contrôler, au moins d'espionner tout ce qui se dit. Dans le même temps, des sociétés de l'électronique ont offert des services axés sur les individus  permettant de noyer dans un immense bruit de fond les messages signifiants circulant sur la Toile: Facebook, Tweeter, Instagram, etc.

L'un dans l'autre, répression et insignifiance tendent à juguler le discours revendicateur avec leurs moyens combinés, quoique fort différents. Évidemment, comme l'ont démontré certaines «révolutions de couleur», les réseaux sociaux sont abondamment utilisés par la droite, ce qui nous laisse penser que, au fond, le Web a un certain penchant politique vers un côté de l'éventail.

Certes, la liberté d'expression survit en ligne. Cependant, déjà espionnée à l'interne, elle commence à être muselée en amont, comme en témoignent de plus en plus d'initiatives de censure, comme ce qui se passe présentement en Israël. Finalement, on est droit de croire que, plus nous disposons de moyens d'expression, moins nous sommes appelés à dire le fond de notre pensée.

Oui, la planète est devenue plus petite; et de bien des façons...

lundi 8 février 2016

Kwangmyong 4



Personnellement, je trouve plutôt rassurant de constater qu'il existe encore des pays qui n'hésitent pas à tenir la dragée haute aux maîtres du monde. D'autant plus rassurant lorsqu'il s'agit de petits pays qui préfèrent courir le risque de sanctions économiques, plutôt que celui d'une invasion de leur territoire. À cet égard, l'exemple de l'Irak est patent: croyez-vous que les Yankees auraient osé l'envahir s'il avait vraiment disposé d'armes de destruction massive? Les Stazunis sont souvent crétins, mais ils ne sont pas encore fous.

Alors voilà que la vaillante République démocratique populaire de Corée (c'est son nom véritable, «Corée du Nord» n'étant qu'un raccourci commode) vient de lancer un satellite en orbite portant le nom de Kwangmyong 4. La communauté internationale – les puissances occidentales, principalement – a condamné ce lancement. Était-ce un satellite militaire? Pas du tout. L'essai a-t-il représenté un danger pour des civils en quelque partie du monde? Non plus.

Alors pourquoi tout ce brouhaha? Parce qu'on avait interdit à la RDPC de le faire. Oui, car quand ce pays procède à la mise en orbite d'un engin, c'est forcément un essai déguisé du tir d'un missile balistique. Ce qu'il y a d'amusant avec l'attitude des maîtres du monde, c'est qu'ils décrient le retard de la Corée du Nord, un pays communiste orthodoxe, et qu'ils le critiquent vertement lorsqu'il cherche à progresser.

Or, les Occidentaux, Stazunis en tête, savent parfaitement que le jeu de la RDPC est purement défensif. Dès lors pourquoi les protestations sont-elles si fortes? Mais c'est tout simplement la réaction normale d'un fier-à-bras de cour d'école qui ne peut supporter qu'on lui tienne tête.

Si les petits refusent de plier devant lui, qu'en sera-t-il un jour des plus grands?