samedi 9 avril 2022

L'ombre du soleil

 



Voici bientôt trois quarts de siècle que le peuple palestinien souffre sous la botte d'un allié inconditionnel des Stazunis. Épisodiquement, d'une manière ou d'une autre, la résignation fait place à la révolte et, dès lors, une nouvelle spirale de violence s'enclenche irrémédiablement.


Évidemment les oppresseurs sionistes clament qu'ils n'agissent que pour se défendre, alors qu'ils sont justement ceux qui occupent toujours plus avant le territoire de l'autre. Inversement, ceux qui se défendent vraiment sont accusés d'agressions violentes par l'Occident. Et aucun dirigeant, nulle part, n'ose dénoncer les profondes injustices qui servent de fondement à l'État d'Israël.


Si le conflit ukrainien se termine rapidement – et rien ne laisse présager cela –, on entendra peut-être parler dans les médias de la répression extrême qui sévira contre ceux et celles qui ne demandent que leur place au soleil.

   

vendredi 8 avril 2022

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Magritte canard


Un critique d’art au mode de vie spartiate s’est pratiquement affranchi, au nom de son métier, de la douceur de vivre, car, en plus, Urbain compte au nombre des grands experts de la peinture du XXe siècle. Galeries, musées et collectionneurs font appel à ses services afin de faire authentifier des toiles. Sa crédibilité étant son gagne-pain, il s’est donc donné un style de vie qui soit au-dessus de tout reproche. Sédentaire aux limites de l’érémitisme, il vit seul, mange peu et boit moins encore. Son austérité, si elle lui vaut une sorte d’admiration un peu craintive, lui attire également quelques brocards de rivaux dont on ne sait s’ils sont véritablement moqueurs ou tout simplement jaloux. Parfois, afin de joindre l’utile à l’agréable comme il le dit, sans préciser toutefois lequel est quoi, il se permet de hanter les marchés aux puces tout en prenant un peu d’exercice. C’est ainsi qu’une radieuse matinée de dimanche, il tombe, chez un brocanteur, sur un étrange tableau d’un artiste inconnu, et représentant un canard volant dans un milieu visiblement aquatique. Intrigué, il l’achète pour une bouchée de pain et, à cause de sa facture unique, entreprend d’en découvrir l’auteur. Des examens approfondis achèvent de le convaincre qu’il s’agit d’un authentique Magritte totalement inconnu. Impatient, il fait part de sa découverte à quelques collègues, lesquels accueillent sa découverte avec scepticisme. Une de ses amies lui apprend qu’elle connaît quelqu’un qui saurait lui donner la preuve qu’il recherche dans une auberge des alentours de Lessines, ville natale du peintre, dont le propriétaire, un collectionneur, affirme posséder le journal personnel de Magritte où ce dernier consignait précisément toutes les toiles qu’il terminait. Urbain décide donc de partir pour la Belgique sans crier gare, laissant en plan des clients très mécontents. Il découvre, aux abords de Lessines, une charmante auberge nichée dans un décor enchanteur sur les bords d’un canal. Il y apprend, à sa grande déception, que le propriétaire s’est absenté pour quelques jours, aussi décide-t-il de tirer le meilleur parti de son attente, passant ses journées en de longues promenades où il s’arrête au hasard des villages prendre un pot au coude-à-coude avec une faune rude et attachante. Ses retours de promenade se passent le plus souvent à table où il goûte le plaisir de vivre. Curieux, il finit par devenir un habitué de la cuisine où il ne dédaigne pas à l’occasion aller aux fourneaux afin de donner un coup de main. Lorsque le fameux propriétaire arrive enfin, il est au regret de lui apprendre qu’il ne possède pas le journal de Magritte, mais il est accompagné de sa fille, l’amie d’Urbain, qui lui avoue son amour.


 – Margotte Lacaille – 252 p. – 1993 – Premier roman d’une écrivaine, à la fois talentueuse et prolifique. Bien que son style ait évolué depuis, il possédait déjà la marque des grands auteurs contemporains.

Le droit dans l'engrenage

 


jeudi 7 avril 2022

Baillez Bell


 

mercredi 6 avril 2022

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Libérez ces corps sublimes de toutes ces têtes qui les pourrissent


Atabek est un vizir d’une compétence douteuse, mais mû par une ambition sans bornes et un orgueil démesuré. Pratiquement dépourvu de scrupules, il a été poussé dans ses fonctions par une coterie de seigneurs jaloux. Ensemble, ils rendent responsable le calife, dont ils souhaitent se défaire, des maux qui affligent le pays. Leur travail de sape finit par porter fruit lorsqu’une série de mauvaises récoltes servent de déclencheur à une révolte qui échappe très rapidement au contrôle de ceux-là mêmes qui l’avaient si ardemment souhaitée. Débordé par l’étendue de la colère populaire, Atabek réagit avec toute la maladresse dont il est capable. Qu’il s’agisse des responsables de la révolte, de pauvres exécutants ou même de malheureux simplement soupçonnés d’avoir manifesté une vague sympathie pour les révoltés, tous sentent s’abattre sur eux la colère vengeresse du vizir qui mène tambour battant, et pendant des jours, une succession de décapitation sur la place centrale de la capitale, devant la grande mosquée dont les abords sont maintenant rougis par le sang des victimes. Cependant, alors que la boucherie se poursuit sans faiblir, Atabek commence à être rongé par un doute. Formé par de patients maîtres, dont il a bien peu retenu, il se souvient cependant à quel point ces vénérables enseignants avaient tenté de lui inculquer le respect de l’être humain, accomplissement suprême du Créateur et vecteur du souffle divin. Ayant été gagné par cette forme d’humanisme, il se prend à s’interroger sur le bien-fondé de ses décisions tandis que ses mauvais conseillers tentent de noyer ses remords naissants par des fêtes où les convives s’adonnent à des rites orgiaques. Incapable de justifier ses actes, il ne trouve plus que la personne du calife afin de demander conseil. Jour après jour, le calife le reçoit au cours de brèves audiences afin que les deux hommes puissent deviser agréablement. Il amène lentement le vizir à comprendre toute la valeur de l’être humain, comparant son état premier, l’enfance, à une espèce de pureté originelle comme on ne peut véritablement en retrouver que dans des pierres précieuses. L’impureté se loge dans l’humain quand sa conscience s’éveille au monde. Dès lors, si le corps de l’humain reste toujours pur, il est menacé de corruption par la tête, aussi est-il juste et bon de décapiter ceux qui mettent en péril le royaume. Plus que jamais convaincu de la justesse de ses actes, Atabek durcit encore sa répression. Un jour, tandis qu’il préside une cérémonie publique, il est pris à partie par une bande d’exaltés qui immobilisent ses gardes et lui tranchent les deux mains avant de le décapiter à son tour sous les acclamations de la foule. Les assassins s’enfuient par les ruelles et, une fois en sécurité, lorsque le meneur retire le capuchon de sa djellaba, on reconnaît à sa cicatrice le chef des gardes du calife.


 – Laurent Bassin – 416 p. – 1994 – Délaissant en une rare occasion le roman historique, l’auteur s’adonne ici à une oeuvre de « philosophie-fiction » où, imaginant un royaume fictif, il réinvente le genre créé par Saint-Exupéry dans son chef-d’oeuvre Citadelle.

Catherine Doriot



La députée de Québec solidaire, Mme Catherine Dorion, a annoncé dernièrement qu'elle ne présenterait pas sa candidature aux prochaines élections, quittant ainsi cette vie politique qu'elle a si profondément marquée. 


Sans amertume, cependant, elle a tout de même déploré que le système parlementaire limitait la liberté d'action et de parole plus qu'il ne l'encourageait. Dans cette optique, elle a déclaré que «l'Assemblée nationale est une institution […] passée date.» C'est tout de même une curieuse coïncidence que cela reflète exactement l'opinion du maréchal Pétain à l'été 1940.


 Ne doutons pas une seconde que Mme Doriot envisage certainement d'autres avenues pour la vie politique québécoise.


Euh… Pardon; je voulais dire Dorion.

 

mardi 5 avril 2022

Zèle en ski

L'article ici



Il ne faut pas en vouloir à Volodymyr Zelensky de l'appui qu'il offre au bataillon Azov. Quand on est juif, ce n'est jamais une bonne idée de contrarier les nazis.










lundi 4 avril 2022

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Laissez vos morts


À la fois roman historique et chronique exacte, quoique fictive, de la grande pandémie qui a décimé le tiers de la population du monde connu au XIVe siècle, Laissez vos morts constitue en plus une étude psychologique convaincante de la perception des gens qui ont vécu la pire catastrophe que l’humanité ait jamais connue. Au cours de la Grande Peste, Jacques, un jeune paysan affranchi, décide de chercher fortune dans la ville de Narbonne. Cependant, pour toute fortune, il ne trouve que l’itinérance et la mendicité. Remarqué par un chanoine, il se voit d’abord offrir par ce dernier d’entrer dans les ordres, mais la perspective de perdre pour toujours sa liberté si difficilement acquise ne lui sourit guère. La mort du fossoyeur de la paroisse libère ce poste pour lequel les candidatures n’affluent pas, aussi le chanoine l’offre-t-il au jeune homme qui, guère plus enthousiasmé, accepte l’emploi au moment précis où la Peste commence à se manifester. C’est alors que commence le récit psychologique mettant en évidence les réactions les plus diverses des vivants et des moribonds devant l’omniprésence et l’omnipotence de la mort. Le jeune fossoyeur se retrouve placé devant une immense responsabilité, car il devient de plus en plus important, et difficile, de gérer la quantité incroyable de cadavres qu’il faut pourtant emmener tous les jours. Rapidement, il se retrouve à la tête d’une petite armée formée d’assistants, et lui-même n’a plus comme fonction que de mener tous les jours la procession lugubre qui, de rue en rue, ramasse les victimes en scandant d’une voix sourde : « Laissez vos morts! Laissez vos morts! » Ainsi, il assiste en témoin privilégié à toutes les grandeurs et les bassesses de l’âme humaine : les prêtres et les médecins qui, malgré les risques que cela comporte, se rendent au chevet des mourants ; les enfants qui, pressés tant par la cupidité que l’approche de la maladie, se débarrassent de parents gênants en faisant passer leur mort subite pour le résultat de la contagion ; les voleurs qui pillent les demeures abandonnées par les victimes de la maladie et que l’on retrouve le surlendemain ayant succombé à leur tour. Un jour, Jacques devient un protagoniste de cette histoire qu’il s’était contenté d’observer jusqu’alors lorsque, au fil de ses pérégrinations urbaines, il retrouve une jeune femme qu’il avait aimée et qui vient de perdre son mari. Malgré une cour respectueuse, alors que l’univers s’écroule autour d’eux, la jeune femme refuse de céder aux avances de Jacques. Craignant d’être emporté par la maladie, il se fait de plus en plus insistant. Excédé devant l’obstination entêtée de la jeune femme et de son attachement morbide à un devoir marital qui n’a plus sa raison d’être, Jacques la tue et l’emporte un matin avec les autres morts.


 – Henri Tournel – 662 p. – 1990 – Roman à la fois sobre et grandiose, Laissez vos morts a remporté plusieurs prix internationaux, dont le Free Press pour la francophonie. Cette gigantesque fresque, oeuvre d’un symbolisme frappant est une vibrante allégorie portant sur la notion de la mort et de l’anéantissement.

dimanche 3 avril 2022

La réécriture




J'ai beaucoup aimé la désinvolture avec laquelle la rédaction de La Presse réécrit l'actualité. Le meilleur exemple est sans doute sa couverture de l'élection hongroise.


En effet, Viktor Orban, l'actuel premier ministre, a été souvent accusé par l'Union européenne de «multiples atteintes à l'État de droit», comme on dit en langage poli. Ce n'est pas tant qu'il a dirigé selon ses vues ultraconservatrices – ce qui n'incommode pas tant les élites néo-libérales – comme le fait qu'il a systématiquement muselé à la fois la justice et les médias, sans compter ses «réformes» constitutionnelles qui ont prêté le flanc à la critique, ainsi que ses initiatives visant à réprimer l'immigration.


Bref, c'est un personnage pouvant paraître ambigu aux yeux de la bien-pensance néo-libérale, de sorte que La Presse, afin sans doute de faire d'une pierre deux coups, l'a qualifié dans un article récent de «souverainiste».


Mais comme la rédaction l'aime bien quand même, Viktor, puisqu'il déteste la Russie, on n'est pas allé aussi loin que de l'appeler «séparatiss».