vendredi 25 novembre 2022

En plein dans l'Hamill

 



Le comédien yankee Mark Hamill, mieux connu sous son nom d'emprunt de Luke Skywalker, est désormais partie prenante de la guerre en Ukraine. 


En effet, à la demande de son collègue acteur Volodymyr Zelensky, accessoirement président d'Ukraine, il a accepté d'être ambassadeur pour la plateforme United24. Cette dernière sert de véhicule pour la collecte de fonds du gouvernement de Kiev afin d'aider son effort de guerre et de faciliter le détournement d'argent au profit des dirigeants.


Plus précisément, l'initiative de M. Hamill sera de permettre «l'acquisition, la réparation et le remplacement des drones, ainsi que la formation des pilotes». On sait qu'il possède une vaste expérience dans le pilotage de vaisseaux spatiaux et qu'il n'a pas son pareil pour larguer une bombe sur une cible minuscule sans risque d'erreur.


Ainsi, il sera une recrue de choix afin d'assurer que les frappes chirurgicales perpétrées par l'armée ukrainienne ne tuent plus de civils dans l'avenir.


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Que ne gésîtes-vous où il me chut !


Pièce de théâtre mettant en scène un seul personnage qui évoque, dans le huis clos d’un décor opulent, les années passées en compagnie de sa femme. Henri de Coinville relate avec un détachement emprunté l’histoire de sa vie. D’abord jeune homme guindé et solitaire, laissé le plus souvent pour compte par la jeunesse aristocratique et bourgeoise de l’après-guerre, il ne se mêle qu’avec difficulté à l’ambiance survoltée d’une époque qu’il se plaît pourtant à regretter. Après un préambule où il campe essentiellement ses antécédents familiaux et l’origine de sa fortune, il raconte la première rencontre avec son épouse Émilie chez des amis. Ce n’est qu’au terme d’une cour laborieuse, dont les initiatives relèvent davantage de la jeune femme, que Henri finit par demander la main de sa future, avec le peu d’habileté qu’on lui devine. Le mariage s’est trouvé dès le premier abord entravé par l’omniprésence des parents de Henri, car, bien entendu, le jeune couple s’installe au château familial. Henri raconte avec émotion les premières années où sa jeune épouse tente, sans grande facilité, de s’adapter à ce mode de vie. Son calvaire ne connaîtra de fin que lorsque le maître des lieux décède. Henri prend désormais, non sans appréhension, les commandes du domaine familial. Tel que le veut la tradition, sa mère s’efface devant sa bru qui commence son rôle de maîtresse de maison. Ce ne sera qu’une fois installée dans ces nouvelles fonctions qu’Émilie, plus tout à fait une jeune mariée maintenant, attend son premier enfant. Cette grossesse ayant été difficile, ce n’est qu’avec beaucoup de réticence qu’elle accepte d’avoir un autre enfant. Les joies de la maternité la laissent totalement indifférente et seul le décès de sa belle-mère arrive à mettre un terme à l’animosité qui croît entre les deux femmes sur ce sujet. La neutralité de Henri sur cette question achève de faire péricliter un mariage dont les sentiments s’étaient envolés depuis quelque temps déjà. Graduellement, Henri et Émilie deviennent des étrangers l’un pour l’autre, à tel point que leurs aventures extra-conjugales les laisseront relativement froids, en apparence tout au moins. Leurs échanges, qui ne se départissent jamais d’une extrême correction, laissent couver un ressentiment réciproque. Mais, même lorsqu’ils s’adressent les pires traits devant leurs amis les plus proches, personne ne soupçonne cette guerre larvée qu’ils se livrent en sourdine. C’est ainsi qu’ils s’affrontent dans l’arène exiguë de leur cercle d’amis au sujet des avatars que connaît leur vie, au fil des successions, des mariages et de la préparation des testaments. Au dernier acte, Henri explique, avec tristesse, les dernières années de la vie d’Émilie, et les circonstances de sa longue maladie. Mais était-ce bien une maladie ?


 – Oscar Melitte – 110 p. – 1992 – C’est avec un rare talent que l’auteur réussit le tour de force de donner à son texte suffisamment d’envergure pour qu’un si long monologue produise un tel effet de plénitude. Si des comédiens talentueux ont connu la renommée grâce à cette pièce, c’est d’abord et avant tout à une plume parfaitement maîtrisée qu’ils la doivent.


jeudi 24 novembre 2022

Vie d'évitement

 


mercredi 23 novembre 2022

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Les poètes monstrueux


Avant leur mort, des poètes particulièrement méritants sont amenés devant le tribunal de Dieu. Impressionnés, ils ne comprennent tout d’abord pas pourquoi ils sont toujours vivants alors que tous autour d’eux sont morts. L’Être suprême les présente tour à tour et explique que, comme pour tout homme mortel, leur valeur a été jugée selon les accomplissements de leur vie. C’est donc par leur oeuvre qu’ils s’avèrent dignes de servir les desseins du Seigneur. Leur rôle sera désormais de mener l’humanité vers les sphères plus élevées de la connaissance afin d’assurer la survie de l’espèce, survie autant physique que morale. Les poètes, décidant d’agir en collégialité, s’attellent à la tâche qui leur semble aisée maintenant que Dieu en a fait des personnages omniscients et, surtout, omnipotents. Ils échangent alors dans ce qu’ils appellent leur « Cénotaphe », d’où ils entreprennent de forger l’avenir de l’humanité. Pétris d’un idéalisme touchant, ils réalisent bien vite la complexité de leur tâche, en dépit des immenses pouvoirs dont ils disposent. En effet, l’inertie humaine s’avère un poids immense que leur génie et leur puissance n’arrivent que difficilement à soulever. En outre, chacune de leurs interventions semble être systématiquement mal interprétée par l’humanité qui n’arrive pas à comprendre que telle apparition, tel message ou telle réalisation ne constitue pas nécessairement un miracle abscons auquel il faut attribuer un sens plus complexe que nécessaire. Ils désespèrent très vite d’arriver à enseigner aux humains les lois fondamentales de l’univers et celles, plus importantes encore, du respect d’autrui. Progressivement excédés par l’hermétisme de la conscience humaine dans l’état où elle se trouve, ils ont recours à des gestes extrêmes afin de secouer l’indifférence générale de leurs semblables. Rarement au début, puis de plus en plus souvent, ils usent à la fois des commandements et des punitions. Tel pays qui refuse de reconnaître l’existence d’une ethnie est frappé par un tremblement de terre. Tel autre où la classe dominante commet les pires exactions aux dépens des démunis voit se répandre chez les privilégiés des maladies épouvantables. De plus en plus découragés par l’attitude indifférente des hommes, ils ne se rendent pas compte que leurs méthodes comptent de moins en moins d’avertissements et de plus en plus de punitions. Au bout de quelques siècles, ils ne gèrent plus que par cataclysmes naturels jusqu’à ce que l’Être suprême les convoque à nouveau devant lui. Jugés pour une seconde fois, ils blâment leurs échecs sur l’incompréhension des mortels. Ils se retrouvent alors au banc des accusés, à la même place que ceux qu’ils étaient chargés d’éduquer.


 – Yvon Lavallée – 140 p. – 1989 – Étonnamment proche des bonnes intentions dont est pétrie, sans doute, l’âme de nos dirigeants. Cette pièce illustre sans fard, mais avec un manifeste talent, l’expression : « L’enfer est pavé de bonnes intentions. »


lundi 21 novembre 2022

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Outre à crachat


Dans un chalet de chasseurs, un angoissant huis clos s’ébauche. Il met en présence quatre hommes, qui d’ailleurs n’ont pas de nom, et qui s’enfoncent inexorablement dans le délire qui ne peut connaître qu’une fin tragique. L’aîné des quatre hommes, le mari, soupçonne qu’un de ses deux compagnons, son associé ou son ami de longue date, le trompe avec sa femme. Les trois compères ont été emmenés là par le guide, un jeune idéaliste qui, le seul, se rend compte de ce qui se passe. De retour d’une expédition aux alentours qui a duré la journée, les hommes harassés arrivent séparément. L’action de la pièce se cristallise alors exclusivement sur des dyades relationnelles, alors que jamais plus de deux comédiens ne sont mis en présence à la fois. Le jeune guide accueille d’abord le mari qui l’envoie à la recherche de son associé, peu de temps avant que son ami n’arrive au chalet. Le mari, véritable metteur en scène de la tragédie annoncée, manipule ses comparses avec une aisance désarmante alors que, sans méfiance, ils se livrent eux-mêmes, et trahissent sans le savoir des secrets qui risquent de leur être fatals. Dans un premier temps, le mari questionne son ami, tentant de le prendre en défaut. N’obtenant pas les réponses qu’il souhaite, il hausse le ton, doublant son interrogatoire à peine dissimulé de sarcasmes et d’insultes qui ne restent pas longtemps ignorées. Courroucé par l’attitude du mari, son comparse quitte le chalet en coup de vent, croisant dans l’entrée l’associé qui, sans le savoir, est vite exposé au même traitement. Mais, cette fois, les accusations sont plus directes et les sarcasmes plus décapants, menant alors inévitablement à la dispute entre les deux hommes. Le jeune guide qui arrive sur les entrefaites n’a que le temps de voir l’associé disparaître, alors qu’il se retrouve seul devant le mari. Celui-ci le prend en quelque sorte à témoin au cours d’un long monologue où il exprime son désarroi, sa déception devant le monde et sa vie. Puis, comme pris d’une inspiration subite, il raconte son plan qui ne vise rien de moins que de supprimer les deux autres. Afin de pousser ses victimes hors du chalet, il a décidé de souiller leur réserve d’eau, contenue dans une outre, et de tendre une embuscade près de la source. Terrifié, le jeune homme parvient à s’enfuir afin d’avertir les deux autres, ne doutant pas qu’il sera lui aussi victime de la machination. L’ami et l’associé, une fois le chalet vide, reviennent s’y installer afin de discuter de l’étrange attitude de leur comparse. Incapables de comprendre ce qui l’a poussé à les abreuver d’injures, ils constatent que la réserve d’eau a été gâtée. Entre-temps, le jeune guide, n’étant pas parvenu à avertir les deux hommes, a décidé d’empêcher le meurtre. Il n’a donc d’autre choix que d’abattre le meurtrier en puissance, ce qui lui vaudra d’être dénoncé à la police par les deux autres.


 – Laurence Desmarais – 112 p. – 1991 – Cette pièce, qui a été traduite en plusieurs langues et qui a été remarquée au Festival de théâtre d’Avignon, prouve son originalité par sa rigoureuse structure et l’admirable discipline à laquelle s’astreint l’écriture.