vendredi 4 août 2017

Comme «kauma»



L'étymologie du mot «chômage» est intéressante. Le terme vient du grec kauma (grande chaleur) et signifiait «se reposer quand il fait trop chaud», à l'origine.

Or, il a pris différents sens avec les années. Par exemple, aux temps forts de la chrétienté, on chômait les jours de fêtes religieuses, c'est-à-dire que l'on n'y travaillait pas. Par la suite, au début du capitalisme, le chômage désignait tous les gens qui, quoique valides, étaient inactifs. Bref, dans l'optique bourgeoise, les oisifs ou les incapables.

Cependant, avec l'évolution de ce système économique, il devint de plus en plus évident que le chômage n'était pas tant une décision personnelle ou un manque de compétence comme une situation endémique et essentielle.

En effet, le chômage permettait, d'une part, de constituer une réserve de travailleurs dans laquelle on pouvait puiser en tout temps. En outre, lorsqu'une bonne partie de la main-d'œuvre était ainsi à la disposition permanente des forces de production, le jeu de l'offre et de la demande faisait en sorte que cela induisait une tendance à la baisse sur les salaires. Enfin, on sait que des travailleurs constamment sous la menace du chômage se montrent beaucoup moins revendicateurs.

Tout de même, sur le plan de l'image, les bourgeois et leurs laquais en politique ont vite compris qu'un taux de chômage élevé jetait une ombre désavantageuse sur leur réputation. Aussi se sont-ils rapidement mis à trafiquer les chiffres afin de pouvoir s'en enorgueillir, le cas échéant.

Au fil du temps, n'était chômeuse que la personne recevant des prestations d'assurance-chômage – ou d'assurance-emploi, pour utiliser l'hilarante expression de la novlangue actuelle –, c'est-à-dire une personne qui était «officiellement» à la recherche d'un emploi. Toutes les autres, qu'elles soient prestataires d'aide sociale, provisoirement indisponibles ou simplement larguées par le système, n'étaient plus considérées comme chômeuses.

Aujourd'hui, on peut annoncer que le taux de chômage est tombé de 1,2 point de pourcentage, probablement parce que 1,2 % des «chômeurs» sont arrivés à la fin de leurs prestations d'«assurance-emploi».

D'ailleurs, je me demande c'est qui ce «0,2». Quelqu'un qui est tombé dans le coma?

jeudi 3 août 2017

Para bellum*



Au lendemain de la chute du socialisme en Europe de l'Est, au tournant des années 1990, la bourgeoisie yankee s'est trouvée confrontée à un problème de taille. Comme une part énorme de ses profits provenait de la vente d'armes – légères, lourdes ou autres –, il lui devenait difficile, voire impossible, de trouver une excuse afin de continuer à consacrer une fraction aussi importante du budget des Stazunis aux dépenses militaires. Sans ennemi à combattre, à quoi bon stocker des armes?

Fort heureusement, il y avait ce dénommé Saddam Hussein dans le décor. Devenu ennemi public numéro un au moment de son invasion du Koweït – invasion permise en sous-main par la diplomatie yankee –, son régime fut attaqué par une vaste coalition, son armée balayée et, quoiqu'il fut laissé en place à Bagdad, l'Irak devint de facto une sorte de protectorat soumis à l'autorité internationale; c'est-à-dire, à cette époque, à celle des Stazunis.

Mais après? Pendant les années qui suivirent, on eut beau gratter les fonds de tiroir, mais il était devenu impossible de trouver un ennemi suffisamment important pour légitimer de poursuivre la course aux armements. Effectivement, après la guerre du Koweït, les dépenses militaires piquèrent du nez dans ce pays.

La situation était inquiétante pour l'élite financière yankee quand, par bonheur pour elle, il y eut les attentats de New York, en septembre 2001. Dès lors, avec la déclaration de guerre au terrorisme, les affaires des marchands d'armes reprirent du plus belle. On peut se demander ce que des porte-avions tout neufs arrivent à faire contre trois pelés et deux tondus tripotant leur bombe artisanale dans un tourbillon de poussière quelque part dans un désert du Moyen-Orient, mais passons.

C'est l'affaire syrienne qui allait donner toute la mesure du cynisme dont peuvent faire preuve les décideurs. Comme le régime de Bachar al-Assad continuait de tenir tête à Washington dans la région, on encouragea dans le pays l'organisation d'une rébellion armée à partir de 2011. Ainsi, quantité de groupes terroristes, affiliés à l'une ou l'autre nébuleuse islamiste, mirent le régime et le pays tout entier à mal.

Aujourd'hui, on «découvre» que la CIA – qui a fini par l'admettre elle-même – a équipé ces terroristes contre lesquels elle prétendait se battre. Elle leur a fourni des quantités massives d'armes dont ils se sont servis pour attaquer le régime syrien, mais aussi pour se défendre contre les forces yankees et leurs alliés en Irak.

Bref, si vous êtes marchand d'armes et que vous voulez mousser vos affaires, le moyen le plus sûr est de fournir vos ennemis d'abord.

Les profits viendront immanquablement, ensuite.


* Prépare la guerre

mardi 1 août 2017

lundi 31 juillet 2017

1928-2017


Montréal vue du sol


dimanche 30 juillet 2017

La langue dans l'alcool



Vous savez, il existe une similitude assez troublante entre l'alcool et la langue. Je parle ici non de l'organe si utile pour s'exprimer, entre autres choses, mais bien du système de communication linguistique. Peut-être vous direz-vous que, à première vue, il n'y a pas de rapport entre les deux; mais pourtant il y en a bien un, et pas des moindres.

La consommation d'alcool de bois (alcool méthylique) peut attaquer le nerf optique et provoquer la cécité. Or, d'une manière figurative, il en va de même pour la langue de bois. On peut l'utiliser afin d'obscurcir le jugement, au point de rendre totalement incapable l'individu qui l'entend de voir la réalité des faits.

Prenons par exemple la question de la République démocratique populaire de Corée (RDPC), dite «Corée-du-Nord». Lors de la guerre qui a ravagé la péninsule coréenne (1950-1953), on se souviendra que la totalité de la RDPC a été nivelée par les bombardements. Ainsi, dit-on, les pilotes éprouvèrent de plus en plus de difficulté à trouver des cibles n'ayant pas été détruites, au point qu'ils en vinrent à jeter leurs bombes dans la mer (référence 321).

Ce souvenir est resté dans l'esprit du peuple de la RDPC qui s'est juré de ne plus jamais être aussi vulnérable. C'est la raison pour laquelle le régime actuel développe aussi rapidement qu'il lui est possible, et ce, en dépit des reproches de la communauté internationale, son programme d'armes nucléaires. Il sait que les impérialistes, Stazunis en tête, y penseront à deux fois avant d'attaquer si le pays a les moyens de se défendre.

À cet effet, les Yankees et leurs laquais condamnent la RDPC à grands renforts de langue de bois, laquelle doit être traduite afin que le lecteur parvienne à toucher le fond de vérité que cet exercice cryptologique implique toujours.

Ainsi, la ministre cAnadienne Chrystia Freeland a déclaré par voie de communiqué, au sujet du tout dernier essai de missile balistique mené par la RDPC: «Ce geste, qui représente une autre violation directe des nombreuses résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, démontre une fois de plus le mépris flagrant de la Corée du Nord à l'égard de ses obligations internationales, et s'inscrit dans les efforts plus vastes et dangereux déployés par ce pays pour déstabiliser davantage la région de l'Asie-Pacifique et ailleurs.»

En langage clair, cela signifie: «Ce test, qui a été mené en dépit du dénigrement d'une minorité de pays, prouve que la République démocratique populaire de Corée ne se laissera pas intimider par les pressions occidentales et indique une volonté de tenir tête aux incursions yankees dans le nord-ouest du Pacifique.»

Par ailleurs, doit-on s'étonner que la langue de bois soit surtout celle de Shakespeare?