samedi 8 janvier 2022

Le métro dans un cul-de-sac



Il y a près de deux ans, au début de l’épidémie de Covid, le discours était universellement le même: «Ah! si seulement on avait un vaccin!» Ce remède permettrait, disait-on encore, une fois que 66% de la population serait vaccinée, d’enrayer la contagion. 


Puis, il y a environ un an, quand une pléthore de vaccins sont arrivés sur le marché, les décideurs ont poussé un soupir de soulagement en insistant sur le fait qu’il fallait maintenant que 75% de la population soit traitée pour enrayer l’épidémie.


Six mois après, on nous a appris qu’une deuxième dose était absolument nécessaire afin de déjouer les variants, alors que le vaccin n’avait pas été conçu pour contrer autre chose que la souche originelle. Par contre, il était impératif qu’une plus large proportion de la population soit vaccinée si on voulait combattre efficacement la maladie.


De nos jours, il est question d’une troisième dose laquelle devrait être administrée à encore plus de gens. Notons au passage que 80% de la population, selon certaines statistiques, a déjà été inoculée au moins une fois.


On oublie du fait même l'exemple d'Israël, un pays attaché à de profondes valeurs humanistes et respectueux du bien-être général de tout un chacun, qui a entamé l’administration d’une quatrième dose, car la troisième n’a finalement eu que peu d’effet sur le fameux variant Omicron.


Bref, avons-nous un métro de retard ou est-ce Israël qui s’enfonce encore plus dans un cul-de-sac sanitaire?


vendredi 7 janvier 2022

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Descente dans les fliqueries


Dans une société totalitaire d’Amérique du Sud, deux jeunes hommes sont interpellés à tort un soir d’émeute. Sans aucune raison valable, ils sont emmenés au poste de police où ils tentent de protester de leur innocence, mais sont, pour toute réponse, rudement tabassés. Gardés au secret pendant des jours, ils tentent de faire valoir leurs droits. S’ils parviennent à attirer l’attention, ce n’est pas des personnes qu’ils souhaitent. Désormais désignés à la hargne des policiers comme de fortes têtes, ils subissent jour après jour les pires exactions. Alternativement battus, torturés et molestés sexuellement par des hommes et des femmes, ils réalisent avec angoisse qu’ils sont devenus les objets de l’appareil policier et qu’ils ne peuvent, en aucune circonstance, compter sur un quelconque apitoiement de celui-ci. Alors que leurs conditions de détention se détériorent, ils tentent de se concilier les bonnes grâces de leurs geôliers et de leurs tortionnaires. Mais, malgré leur bonne volonté, ils ne parviennent à apitoyer personne. Comprenant que leur salut ne peut venir que du monde extérieur, ils échafaudent toutes sortes de plans afin de nouer des contacts. Leurs efforts restent vains. L’un d’eux décide alors de jouer son va-tout et entre en révolte ouverte contre les gardiens. Pendant un temps, il semble que son refus de se confiner dans son état de victime lui mérite le respect, puis, un soir, il est enlevé de sa cellule sous le regard de son compagnon et ne revient que plusieurs jours plus tard, sanguinolent, dans un état de choc dont il ne sortira que par intermittence. Son compagnon, par des promesses, parvient à soudoyer un jeune garde qui semble troublé par le sort qui est réservé aux deux malheureux. Il accepte, à son corps défendant, de contacter leur famille. Malheureusement, le complot est éventé et le prisonnier apprend qu’il a été trahi par son ami qui n’est plus que la marionnette du pouvoir. Désespéré, ivre de vengeance, il le tue à mains nues en lui fracassant à plusieurs reprises le crâne contre le plancher de béton de la cellule avec une sauvagerie qui désarçonne les policiers eux-mêmes. Désormais, n’étant plus un prisonnier politique mais un criminel de droit commun, il est transféré dans un pénitencier à sécurité maximum où la violence de son forfait incite à la fois les autres détenus et les gardes à le respecter. Un avocat prestigieux décide de s’intéresser à son affaire et le système judiciaire le prend désormais sous sa protection. On lui promet même à mots couverts une peine légère et une libération hâtive à condition qu’il ne révèle pas ce qu’il a subi auparavant.


 – Sonya Sonnal – Première publication : 1986 sous le titre Solo se Respeta – Traduit de l’argentin par Pilar Caspo – 420 p. – 1991 – Ce roman se présente davantage comme un témoignage que comme une oeuvre de fiction. Il dénonce les abus de pouvoir qui continuent à se perpétrer partout dans le monde, y compris chez nous.

mercredi 5 janvier 2022

Problème intestin

 



C’est avec un immense soulagement que l’on a appris la sortie de M. Jair Bolsonaro. En effet, le président brésilien avait été hospitalisé d’urgence à la suite d’une occlusion intestinale. On se souviendra qu’il avait été victime d’une agression au couteau peu de temps avant la dernière élection présidentielle, ce qui avait grandement accru sa popularité et celle de l’extrême droite qu’il représente.


Fort heureusement, une intervention ponctuelle des médecins a permis de soulager le patient qui peut désormais reprendre ses fonctions à la tête de l’État. On lui souhaite la meilleure des chances, surtout lors du prochain scrutin où, selon toute probabilité, il faudra plusieurs coups de couteau pour le reporter au pouvoir.


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Des astres solaires


Dans une société futuriste, le soleil occupe toute la place. Non seulement fait-il l’objet d’une attention particulière de la part des scientifiques, qui s’en servent autant comme référence astronomique que comme laboratoire d’étude de l’infiniment petit. Il est également l’objet d’un culte très répandu parmi la population où, en tant qu’astre et symbole, on lui impute tous les bienfaits de la nature. De même est-il considéré comme la seule représentation acceptable de la divinité puisque, la nature de cette dernière étant impénétrable dans la théologie de ce temps, il serait blasphématoire de tenter de lui donner une apparence physique. Cependant, ces deux visions concurrentes sont également mutuellement exclusives, de sorte que les scientifiques considèrent avec mépris les superstitions que l’on impute au soleil. De même, les croyants déplorent l’étroitesse de vue des supposés scientifiques qui refusent systématiquement de voir et de comprendre les évidences du message divin. Alors que l’opposition se cristallise entre les deux points de vue, une voix s’élève afin de tenter une réconciliation. Il s’agit d’une femme, Tasha, qui a commencé à intégrer la symbolique du soleil en un seul modèle d’analyse. Son enseignement lui gagne rapidement la faveur de ses concitoyens. Évidemment, les responsables, tant scientifiques que religieux, voient d’un mauvais oeil tout ce qui risque de nuire à leur pouvoir. Aussi se lancent-ils dans une campagne visant à saper le prestige de Tasha, qui ne répond à leurs attaques que par des invitations à se joindre au culte nouveau. Des accusations mensongères au sujet de prétendues perversions à caractère sexuel viennent à bout de l’aura de la jeune femme dont l’enseignement est rapidement foulé aux pieds non plus seulement par les élites, mais également par la multitude. Jugée puis condamnée comme hérétique, elle est destinée à être brûlée vive au nom du soleil. Les exécutions ne pouvant être menées qu’à des moments prescrits par la loi et la coutume, il ne se trouve que quelques jours dans l’année où Tasha peut monter au bûcher. Chaque fois, pendant des mois, le soleil est caché par les nuages et le supplice doit être remis. Après deux années passées en captivité, le prestige de Tasha renaît à cause du refus du soleil d’allumer son bûcher. En outre, des doutes s’élèvent quant à la valeur du procès qui lui avait été intenté. Devant ce retournement de la situation, les autorités aux abois décident de la gracier. À sa sortie de prison, elle est aussitôt considérée, contre son gré, comme un objet d’adoration. Désormais appelée la Reine des nuages, elle reprend son enseignement en le centrant cette fois sur l’être humain, « l’Inconnaissable ».


 – Jean Jisquan – 314 p. – 1995 – Davantage une allégorie sur le monde contemporain qu’une authentique histoire de science-fiction, cette oeuvre, au style empreint d’une étourdissante poésie, démontre un humanisme profond en dépit des travers de notre nature. Ce roman-culte est aujourd’hui étudié en littérature à l’université et en philosophie au niveau collégial.

mardi 4 janvier 2022

Dissémine de rien

 



Les cinq membres du Conseil de sécurité de l’ONU (Stazunis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni) ont en quelque sorte pris le taureau par les cornes, dernièrement. En effet, ils se sont engagés à prévenir la dissémination des armes nucléaires afin de garantir une meilleure sécurité dans le monde.


Comme par hasard, ces cinq nations possèdent toutes des armes nucléaires, ce qui fait que certains esprits chagrins – dont je ne fais pas partie, fort heureusement – n’hésitent pas à raconter sous le manteau que cette initiative, quoique louable en apparence, n’est en fait qu’une tentative de garder leur mainmise militaire sur la planète.


Notons au passage que les Stazunis, qui cherchent à «prévenir la dissémination des armes nucléaires», en ont installé, sous leur contrôle évidemment, dans divers pays. Par exemple, en ce moment, en Italie, en Allemagne, en Israël et en Turquie, pour ne citer que les plus connus.

lundi 3 janvier 2022

Bourrage burqa




Quelle pitié, quand on considère le sort des femmes à l’échelle de la planète ! C’est encore plus déplorable lorsqu’on regarde ce qui se passe en Afghanistan, alors que le pouvoir religieux des talibans oblige leurs citoyennes, par exemple, à porter la burqa dans tout espace public.


Mais la répression à l’endroit des femmes est également pratiquée dans d’autres pays, dits démocratiques. Ainsi, au Québec, il existe des lois qui, en certaines circonstances, interdisent le port de la burqa, et ce, au sein même de la fonction publique.


Pauvres femmes.


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Debout tabou !


La société québécoise de la fin des années 1950 est marquée par le repli sur soi et l’attachement viscéral aux valeurs traditionnelles. Alors que, malgré la mainmise presque totale du clergé sur la vie des personnes, un esprit de remise en question commence souffler sur les êtres et les choses, un événement hors du commun vient bouleverser l’existence jusqu’alors tranquille d’une petite communauté citadine frileusement pressée contre son clocher. En effet, Brahim, un jeune immigrant algérien, un universitaire fuyant la guerre dans son pays, s’installe dans un petit meublé coincé entre l’épicerie de quartier et la caisse populaire. Attiré à Montréal par la communauté linguistique et la réputation de pacifisme de la société, Brahim a décidé, en dépit de ses goûts personnels, de braver le climat. En effet, sa famille a été dispersée par la guerre et, s’il garde une correspondance suivie avec sa soeur vivant à Marseille et sa mère réfugiée à Paris, il reste sans nouvelles de son oncle, arrêté à Oran par la police française et de son père parti combattre, malgré son âge, dans le maquis. Brahim, dégoûté par l’extrémisme des uns et des autres, rêve de s’affranchir tout autant du colonialisme politique que du colonialisme moral des religions révélées. Aussi déchante-t-il lorsque, dans son pays d’adoption, les gens arborent un drapeau étranger et que le clergé garde toute la société sous sa poigne. Comme si ces désillusions ne suffisaient pas, il constate qu’il ne suffit pas de partager la même langue afin de se comprendre. Malgré toute la bonne volonté dont il fait preuve, il ne peut éviter de commettre impair sur impair. Que ce soit chez le boucher, lorsqu’il refuse de la viande de mouton qui n’a pas été tuée sous ses yeux, ou au presbytère lorsque, en toute bonne foi, il va payer la « taxe » du curé. Mais si la communauté finit par s’accommoder de cet étranger gaffeur malgré lui, elle ne cesse pas pour autant de le surveiller étroitement. Les choses se corsent lorsqu’il fait la connaissance d’une jeune femme. La famille voit d’un assez mauvais oeil cette « liaison dangereuse », comme l’appelle le notaire d’un air entendu. Le curé, quant à lui, ne prise pas du tout l’immixtion d’un infidèle dans « sa » communauté. Désormais le centre d’attention comme jamais, Brahim ne sait plus comment se faire bien voir. Afin de l’amadouer, il invite sa belle-famille à un repas traditionnel, qu’il prépare en suivant les instructions épistolaires de sa mère et de sa soeur. Lorsque la famille se présente chez lui, l’inévitable choc des cultures fait en sorte que, pour une fois, c’est le jeune Maghrébin, pantois de dépit devant le manque de savoir-vivre de ses hôtes, qui se trouve offensé.


 – Omar Chéopas – 438 p. – 1991 – Né de père maghrébin et de mère québécoise, l’auteur s’est inspiré de sa dualité culturelle afin de rendre avec autant de justesse que possible à la fois les tourments, mais aussi le pittoresque, des situations qu’il met en scène. D’ailleurs, après la lecture de son roman, on ne peut manquer de se demander s’il s’agit bien là de simples situations ou, plus justement, de la vie elle-même.

dimanche 2 janvier 2022

Honneur et m'irrite