mercredi 9 février 2022

Catalogue

 

La femme que j’ai toujours aimée


Romain est un homme d’âge mûr dont les manoeuvres en bourse l’ont si bien servi qu’il a pu jouir d’une retraite anticipée. Il s’est mis à se chercher un passe-temps afin d’occuper ses jours, en dehors, bien entendu, de ses spéculations boursières qui, n’étant plus qu’un amusement sans importance, ne lui demandent plus autant d’attention qu’autrefois. Romain a développé deux violons d’Ingres. L’écriture, d’abord, où, sous la forme d’un roman-fleuve, il raconte en termes à peine voilés, ses aventures amoureuses et, généralement, les déboires qui en sont issus. Si cette activité demeure somme toute assez innocente, il n’en va pas de même de son autre passe-temps. Incorrigible, Romain a choisi les femmes. Mais cette fois, fort des expériences qu’il décortique et analyse dans son oeuvre littéraire, il met en pratique les enseignements qu’il a tirés de son expérience. Afin d’atteindre ce qu’il appelle la « plénitude amoureuse », il ne faut pas, contrairement à ce qu’on pourrait attendre, courtiser une succession de femmes. Ses théories, en apparence toutes fondées sur des principes logiques, exigent que Romain compte non pas une, ni même deux, mais trois maîtresses. Ange, est une jeune femme, plus ou moins satisfaite de son apparence, surtout depuis qu’elle a accouché de jumeaux. Ce n’est qu’après cet accouchement qu’elle a connu Romain et, selon ce dernier, elle était mûre pour connaître avec lui la relation délicate qui échappe à tant de femmes de cet âge, alors qu’elles recherchent souvent une figure paternelle chez l’amant. Patricia est une femme d’affaires qui, à trente ans, apparaît comme une créature dure et impitoyable, mais qui, comme c’est le cas pour toutes les façades, se cache derrière ce masque afin de dissimuler une insécurité maladive. À la fois attirée par la perspective d’avoir un autre enfant et les soucis que celui qu’elle a déjà lui cause, elle ne trouve de réconfort face à son déchirement que dans l’affection de Romain. Enfin, Rebecca est une femme de quarante-cinq ans dont la progéniture vit à l’étranger et qui possède une totale indépendance. Cependant, assiégée par les doutes et les tourments du mi-temps de l’âge, elle recherche en Romain l’appui que seul un homme comme lui peut apporter. Ce dernier profite donc ainsi pleinement des divers âges amoureux de la femme. C’est avec un abandon total et une trop grande assurance que Romain se laisse glisser dans ce qu’il appelle son « bonheur tardif ». C’est à la suite d’une distraction de sa part qu’il laisse à Rebecca un indice permettant à celle-ci de découvrir l’existence des deux autres femmes. Elles se rencontrent alors dans le dessein d’ourdir un plan afin de se venger de Romain. Mais la belle unanimité du départ s’effrite vite lorsqu’elles entreprennent de désigner l’exécutrice des basses oeuvres sentimentales. 


 – Reina Macquar – 314 p. – 1997 – Si le coeur a ses raisons, en échange la logique n’a pas sa place en amour. Cette charmante allégorie qui, un temps, semble tendre vers la tragédie ne se départit jamais d’une ironie de bon aloi. Paradoxalement, c’est par le pardon que le dépit amoureux viendra défaire les absurdes constructions de la raison.

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