* L'autre jour, c'était ici |
Le 4 mars dernier, un transfuge russe, Sergeï Skripal, – d’aucuns, à Moscou, diraient «un traître» – est mort des suites d’un empoisonnement à Salisbury, dans le sud du Royaume-Uni. La jeune femme qui l'accompagnait au moment de l'agression n'était nulle autre que sa fille Ioulia. Immédiatement, les médias et le gouvernement britanniques se sont mis en branle, avec toute la vitesse que l’on associe d’ordinaire à la mauvaise foi.
Sans preuve aucune, les capitales occidentales – Londres, Berlin, Paris et Washington – ont accusé Moscou d’avoir commis ce crime, car c’était «la seule explication possible» (sic). Il faut dire que le nombre de possibilités se restreint dans la mesure où on les recherche peu. Même le fils de Pierre Elliott Trudeau y est allé de son grain de sel en bêlant dans le registre; peut-être déguisé en mouton, on ne sait.
Seule «preuve» de l’intervention russe, le poison utilisé dans l’affaire est présumé être l’agent dit Novitchok («nouveaux venus», en russe). Il s’agit d’une gamme de produits sensément développés au cours des années 1970 et dont l’existence a toujours été mise en doute par les experts. S’il faut en croire les autorités britanniques, elles en posséderaient un échantillon, probablement prélevé sur le site de l’agression. La Russie a demandé à ce que ledit échantillon soit présenté pour une analyse internationale, mais Londres a refusé catégoriquement.
Enfin, celui qui avait annoncé – sans preuve, faut-il le préciser encore une fois – l’existence du programme de production des Novitchoks, le chimiste soviétique dissident Vil Mirzayanov, avait mis en garde l’Occident à l’effet que ces composés toxiques pouvaient être fabriqués aisément dans n’importe quel laboratoire de chimie un tant soit peu organisé. Bref, si le Novitchok existe vraiment – insistons ici sur le conditionnel –, il aurait pu être produit par n’importe qui.
Vous admettrez que, comme preuves, c’est plutôt maigre. Il n’en faut cependant pas plus dans les chancelleries pour déclencher une crise internationale.
Mais, bien évidemment, cela ne pourrait jamais être une opération noire. Quel intérêt y aurait-il? Aucun! À preuve, la Russie est présentement en pleine campagne électorale.
Vous voyez bien que ça ne servirait à rien. C’est clair comme de l’eau de boudin.
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