Magritte canard
Un critique d’art au mode de vie spartiate s’est pratiquement affranchi, au nom de son métier, de la douceur de vivre, car, en plus, Urbain compte au nombre des grands experts de la peinture du XXe siècle. Galeries, musées et collectionneurs font appel à ses services afin de faire authentifier des toiles. Sa crédibilité étant son gagne-pain, il s’est donc donné un style de vie qui soit au-dessus de tout reproche. Sédentaire aux limites de l’érémitisme, il vit seul, mange peu et boit moins encore. Son austérité, si elle lui vaut une sorte d’admiration un peu craintive, lui attire également quelques brocards de rivaux dont on ne sait s’ils sont véritablement moqueurs ou tout simplement jaloux. Parfois, afin de joindre l’utile à l’agréable comme il le dit, sans préciser toutefois lequel est quoi, il se permet de hanter les marchés aux puces tout en prenant un peu d’exercice. C’est ainsi qu’une radieuse matinée de dimanche, il tombe, chez un brocanteur, sur un étrange tableau d’un artiste inconnu, et représentant un canard volant dans un milieu visiblement aquatique. Intrigué, il l’achète pour une bouchée de pain et, à cause de sa facture unique, entreprend d’en découvrir l’auteur. Des examens approfondis achèvent de le convaincre qu’il s’agit d’un authentique Magritte totalement inconnu. Impatient, il fait part de sa découverte à quelques collègues, lesquels accueillent sa découverte avec scepticisme. Une de ses amies lui apprend qu’elle connaît quelqu’un qui saurait lui donner la preuve qu’il recherche dans une auberge des alentours de Lessines, ville natale du peintre, dont le propriétaire, un collectionneur, affirme posséder le journal personnel de Magritte où ce dernier consignait précisément toutes les toiles qu’il terminait. Urbain décide donc de partir pour la Belgique sans crier gare, laissant en plan des clients très mécontents. Il découvre, aux abords de Lessines, une charmante auberge nichée dans un décor enchanteur sur les bords d’un canal. Il y apprend, à sa grande déception, que le propriétaire s’est absenté pour quelques jours, aussi décide-t-il de tirer le meilleur parti de son attente, passant ses journées en de longues promenades où il s’arrête au hasard des villages prendre un pot au coude-à-coude avec une faune rude et attachante. Ses retours de promenade se passent le plus souvent à table où il goûte le plaisir de vivre. Curieux, il finit par devenir un habitué de la cuisine où il ne dédaigne pas à l’occasion aller aux fourneaux afin de donner un coup de main. Lorsque le fameux propriétaire arrive enfin, il est au regret de lui apprendre qu’il ne possède pas le journal de Magritte, mais il est accompagné de sa fille, l’amie d’Urbain, qui lui avoue son amour.
– Margotte Lacaille – 252 p. – 1993 – Premier roman d’une écrivaine, à la fois talentueuse et prolifique. Bien que son style ait évolué depuis, il possédait déjà la marque des grands auteurs contemporains.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire