La bonne niche
Roman à sketches, La bonne niche raconte les grandeurs et misères d’une domestique occupant des postes auprès d’employeurs successifs. Jeune campagnarde partie à la ville dans l’espoir de faire fortune, Irène est d’abord recueillie par une tante qui la fait entrer au service d’une famille bourgeoise où elle est formée au métier de servante et initiée aux principes de la docilité. Poussée par son désir de trouver l’emploi idéal, la jeune Irène traverse alors les années, passant d’un poste à l’autre, subissant avec bonne grâce les humiliations, les exactions et le harcèlement, tentant toujours de tirer son épingle du jeu du mieux qu’elle peut, non sans un certain succès à l’occasion. Elle est d’abord employée comme femme de chambre alors que sa jeunesse et sa beauté lui aliènent la maîtresse de maison. Engagée ensuite par une douairière esseulée, elle devient le souffre-douleur de tout un clan ne souhaitant rien d’autre que de mettre la main sur l’héritage et craignant plus que tout la relation amicale qui s’est installée entre les deux femmes. Chassée à force d’intrigues, elle se retrouve dame de compagnie et gardienne d’enfants d’une députée ministrable qui, à la suite d’un scandale financier, se retrouve ruinée. Enfin, elle arrive au service d’une famille aisée qui, en apparence, semble normale. Cependant, elle doit repousser les avances têtues du fils de famille, comme celles du père. L’intimité de cette famille lui fait découvrir des secrets qui la choquent et la troublent. Au fil des ans, l’amertume s’installe et déloge l’optimisme qui lui avait permis de subir plus que son lot de revers, non seulement avec confiance, mais non sans une dose d’humour également. Mais toute résistance possède ses limites et, imperceptiblement, une espèce d’érosion commence à miner sa confiance dans l’avenir et la foi dans son destin. À mesure que passent les années, la certitude de trouver sa « niche » s’estompe et laisse la place à un doute grandissant avec tout le cortège d’angoisses que cela suppose. Sombrant dans une dépression chronique et étouffante, Irène développe une aversion viscérale envers ses employeurs alors que se multiplient sous ses yeux, au cours des dernières années, les motifs de sa haine. Petit à petit, elle commence à poser des gestes discutables, en particulier dans la cuisine où sa préparation de la nourriture laisse à désirer. Éventuellement prise en défaut, elle est chassée sans ménagement malgré ses protestations. Quadragénaire désormais acculée à la mendicité, elle sombre dans le désespoir et la folie, refusant même l’offre de sa tante qui lui propose de la recueillir chez elle. Quelque temps après, ses employeurs périssent carbonisés dans l’incendie de leur demeure et de toutes ses dépendances. Par un miracle inexpliqué, seule la niche du chien a échappé aux flammes.
– Sabrine Ollar – 320 p. – 1988 – De par sa structure, cette oeuvre avait été remarquée au moment de la remise du Renaudot, sans pour autant se qualifier parmi les finalistes. Une troisième réédition semble donner raison à ceux qui affirment que ce roman a été injustement négligé.
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