mercredi 20 octobre 2021

Catalogue

 

L’apparat chuté


Caroline Lassner est une dessinatrice de mode oeuvrant pour le compte d’une grande maison parisienne. Quoiqu’appréciée par ses employeurs, elle estime qu’elle ne reçoit pas tout le crédit qu’elle mérite pour son travail, aussi partage-t-elle son temps entre le bureau et la mise sur pied de sa propre maison de couture qu’elle espère lancer sous peu. Évidemment, avec ce surcroît de travail, il ne lui reste que bien peu de temps à consacrer à sa vie sentimentale. Aussi son compagnon, Pierre-François, accepte-t-il parfois avec réticence le genre de vie qu’ils mènent dans leur étroit appartement encombré de tissus et de cartons de vêtements, véritable métaphore pour cet avenir en gestation qui ne semble jamais devoir se conjuguer au présent. Entre-temps, une jeune prodige commence à défrayer les manchettes du monde de la mode. Ayant d’abord tenté sa chance comme mannequin, la jeune Elmira, ne possédant pas les mensurations idéales, a connu un succès phénoménal en tant que dessinatrice. Elle est devenue en moins de quelques mois, le fer de lance de la maison où travaille Caroline. Mais, tandis que la presse chante ses louanges, aucune de ses créations n’est véritablement connue du public, sinon quelques esquisses relativement anodines. Décidée à ne pas se laisser damer le pion, Caroline décide de puiser dans sa réserve de créations originales, qu’elle voulait consacrer à la première collection de sa propre maison. Tandis qu’elle travaille d’arrache-pied et qu’elle doit composer avec la grogne de Pierre-François, elle constate, sans que cela ne la rassure trop, que la fameuse Elmira se contente pour sa part de se lancer à corps perdu dans les cocktails et les réceptions, alimentant ainsi sa renommée, mais ne semblant pas travailler outre mesure à ses propres créations. Le soir du lancement, elle constate avec étonnement que plusieurs des modèles d’Elmira ne sont rien d’autre que les siens, sinon pour quelques modifications mineures. Intriguée davantage qu’outrée, elle ouvre une enquête discréte. Elle découvre le pot aux roses lorsqu’elle réussit à pénétrer dans l’appartement d’Elmira, de son vrai nom Nadine Durand, où elle découvre que la jeune femme n’a aucun talent de dessinatrice et qu’en outre traînent çà et là des copies de ses propres esquisses. Lorsqu’elle comprend que ses employeurs n’ont inventé toute cette absurde machination que pour lui soutirer ses croquis personnels, alors qu’ils s’attendaient à son départ imminent, Caroline, avec l’aide plus qu’enthousiaste de Pierre-François, décide d’ourdir une cinglante revanche.


 – Lisette Sauret – 300 p. – 1997 – Évocation symbolique de l’être en devenir, ce roman s’inspire de plusieurs grands mythes empruntés aux cultures asiatiques pour lesquels la vie et l’univers suivent des cycles immuables. L’auteure a ici eu le génie d’associer, avec grand talent, une thématique aussi fondamentale à un monde hautement superficiel.

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