mercredi 1 décembre 2010

Tout le monde devrait se conformer,
à commencer par les dissidents

Photo: MisterWiki, via Wikimedia

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Patrick Lagacé, Franc-tireur et chroniqueur à La Presse, s’interroge avec humour(?) sur la présence d’étudiants militants au cégep Bois-de-Boulogne qui, dit-il, «a une réputation de cégep sérieux, qui attire des élèves sérieux, qui prépare sérieusement pour l’université». Et bien sûr, quand on est sérieux, on se concentre sur soi-même et rien qui ne se rapporte à notre progression ne devrait nous concerner.


T’as 17, 18 ans. Tu veux changer le monde. Tu frétilles en pensant à l’action militante. Tu rêves à la grève générale. Tu t’habilles probablement en altermondialiste.

Mais tu fais quoi, à Bois-de-Boulogne, probablement le cégep public le plus coincé, le plus establishment dans la région de Montréal? [...]

Bref, chers contestataires, vous faites quoi à vouloir changer le monde à Bois-de-Boulogne? C’est comme porter la bonne parole du végétarisme dans le congrès des éleveurs de boeufs Angus du nord de l’Alberta.

Au moins, j’espère que les dissidents de Bois-de-Boulogne auront la bonne idée, dès leur suspension terminée, de recommencer à distribuer des tracts. Peut-être même d’aller faire un sit-in dans le bureau [du directeur adjoint] M. Laroche.

Ils pourront alors devenir de vrais martyrs en étant expulsés de Bois-de-Boulogne et en s’inscrivant dans un cégep qui prend la contestation au sérieux.

Car dans le rayon des choses qui ne changent pas, en voici une autre: le DEC en militantisme étudiant, c’est au Vieux qu’il se donne, bande de nonos...

La couette qui dépasse
Patrick Lagacé, La Presse, 1 décembre 2010

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Qu'est-ce que vous foutez à Bois-de-Boulogne, les jeunes?!

Bonne question. Ce serait beaucoup plus facile de s'impliquer dans des cégeps plus politisés, comme Marie-Victorin, par exemple. Toutefois, ce serait aussi nettement moins utile. Si on veut, au niveau politique, ne serait-ce qu'espérer faire un changement, il faut que la contestation soit généralisée. Le gouvernement s’en moquerait bien s’il n’y avait seulement que le Vieux en grève … tous les cégeps, c'est une autre «game».

Le militantisme n’est pas en opposition avec la réussite scolaire. On se bat pour l’accessibilité aux études. On ne peut pas la vouloir pour nous aussi, cette éducation de qualité? C’est possible de s’habiller en altermondialiste sans faire de DEC en militantisme. Et ce n’est pas vrai qu’on a tous des barbes, des dreads et des keffeihs autour du cou.

D'autre part, l'étudiante ou l'étudiant type de Bois-de-Boulogne n'existe pas. C'est la population étudiante qui caractérise le cégep, et non le contraire. Le seul obstacle au changement de mentalité, c'est l'image du cégep, image à laquelle l'administration tient tant. Il y a toutefois eu des changements depuis 20 ans. La preuve : le 1er avril dernier, c'était Bois-de-Boulogne qui avait les plus grosses lignes de piquetage au Québec!

Plus récemment, les étudiantes et les étudiants de Bois-de-Boulogne se sont positionnés avec 760 «contre» et 698 «pour» sur le fait de faire une grève le 6 décembre. Plus de 55% de participation, c’est plus qu’aux élections provinciales. Cette grève avait pour but d'«intercepter» la Rencontre du « patronat » sur l'éducation, appelée par la ministre Line Beauchamp à Québec. 65 000 étudiantes et étudiants sont d'ailleurs en grève pour cette journée. Et de ces 65 000 personnes là, il y en a en histoire, en foresterie ou en design, de Montréal, Québec, Matane ou Alma.

Le mouvement étudiant s'envole pour Québec le 6 décembre prochain. On se voit donc à la protestation afin d'«intercepter» les vrais assistés sociaux du Québec : les entreprises privées, qui ploient sous les subventions et les exemptions d'impôt. L'argent existe et ce n'est pas dans les poches de ceux et celles qui s'habillent probablement en altermondialistes.

En direct du congrès des éleveurs de bœufs Angus du nord de l'Alberta,

Les p'tites et les p'tits révolutionnaires