vendredi 20 février 2009

Au paradis du libéralisme

«Dans La fatigue d’être soi, le sociologue Alain Ehrenberg explique que la dépression est la démocratisation de la mélancolie et qu’elle était à l’origine réservée à certains privilégiés. Toujours selon l’auteur, la culture de la performance nous laisse seul face à la dépendance créée par les conditions sociales nécessaires à sa diffusion et conduit à la dépression. Mais au-delà de cette analyse, nous pouvons soutenir que ce symptôme en autant qu’il est une manifestation, sans doute la dernière possible de l’humain, est une expérience humaine de grande qualité. Il s’agit d’une manifestation vitale que l’on peut opposer à la bonne humeur obligatoire si chère à Disneyland. Au paradis du libéralisme, on nourrit toutes dents dehors, on est heureux de son sort et gentiment l’égoïsme, entre soi. Le dépressif – fait tache – il gâche la fête. Son entêtement à ne pas jouer le jeu est comme un coup de griffe porté à la grande toile peinte qui descendue des cintres à grand renfort d’effet de foule garnit le fond de la scène et marque le mur terne des coulisses. C’est cette manière de – ne pas être – de ne pas être en accord avec – les masses – qui le rend insupportable. Son existence dénonce.»
Tous propriétaires, Jean-Luc Debry, Homnisphères

Imaginez dans le Moscou de la belle époque de l’URSS, lors du grand défilé du 1er mai ou à Munich lors des cérémonies nazies, un type, un seul, qui n’aurait pas été heureux d’être là et qui – faisant la gueule – l’aurait montré trop ostensiblement. Il aurait eu toutes les chances d’être déporté dans un camp – spécial – et traité en conséquence.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Cher Albert,

Mettez-vous dans le même sac libéralisme et socialisme?
Ma foi, vous êtes un nouveau Barack Obama... mais dans l'autre sens.