mardi 13 décembre 2016

Ça a l'air minimum



Comme lorsqu'il a été question de mettre sur pied n'importe lequel des programmes sociaux – assurance-chômage, bien-être social, assurance maladie, etc. –, l'instauration d'un salaire minimum avait été accueillie avec une froideur non dissimulée par le patronat. En effet, en établissant une valeur plancher au travail, cela limitait le pouvoir absolu de la bourgeoisie dans le domaine, ce qui lui semblait une atteinte inqualifiable à ses droits et libertés; lesquels, est-il besoin de le préciser, n'ont jamais fonctionné qu'à sens unique.

Elle avait alors saisi l'excuse qu'une telle réglementation allait provoquer des faillites en série, augmentant ainsi le chômage, et desservant en bout de ligne les travailleurs encore plus que la bienveillante exploitation de la part des nantis, fût-elle éhontée. Néanmoins, le salaire minimum – qui méritait pleinement ce qualificatif – fut mis sur pied et l'on constata que le chômage n'en fut pas accru significativement, pas plus qu'il ne l'était sur une base régulière par les mises à pied sauvages dues à la classe possédante.

De nos jours, la notion de salaire minimum elle-même n'est plus remise en question. Cependant, le montant plancher fait maintenant l'objet de nouvelles revendications alors que des groupes de pression réclament, face à la spirale du coût de la vie, que le salaire minimum passe de 10,75 $ à 15 $ l'heure.

Levée de boucliers au Conseil du patronat qui bat le rappel de toutes ses forces vives afin de combattre une telle aberration. La dernière initiative du genre en date consiste en l'intervention du Conseil québécois du commerce du détail (CQCD) – eh oui, les possédants ont besoin de beaucoup de Conseils – lequel affirme sans ambages ni preuves qu'une telle augmentation provoquerait en fin de compte la fermeture de 9000 entreprises commerciales, soit le quart de celles existant à l'heure actuelle à l'échelle du Québec.

Mais que le CQCD se rassure tout de suite. Les propriétaires de ces commerces forcés de fermer, lorsqu'ils retourneront sur le marché du travail, pourront au moins compter sur un salaire minimum à peu près décent.

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