L’idée du défi du seau d’eau glacée est devenue virale à l’échelle
de la planète. Sous prétexte de bonne cause, tout le monde s’est trouvé une
excuse bébête pour faire parler de soi. On se verse une chaudière d’eau froide
sur la tête, sous l’œil inflexible d’une caméra, bien entendu. Puis, on donne
un montant d’argent à une bonne cause.
Rien n’empêchait de donner à une bonne cause sans tout ce
cirque.
Mais il en ainsi de la nature humaine, qu’il faut avancer en
troupeau et à l’unisson. Rien ne souligne l’individualité autant que la
propension à agir tous de la même façon. Aujourd’hui, avec de l’eau froide.
Demain, sera-t-il question de retenir son souffle jusqu’à ce que le visage
change de couleur? Et pourquoi pas lancer un soulier dans la fontaine de Trevi,
par-dessous sa jambe en récitant le Maha Mrintyunjaya? Toujours en se faisant
filmer par l’un ou l’autre téléphone cellulaire présent sur les lieux.
À force de s’abandonner ainsi dans le courant dominant,
n’est-ce pas une part de nous-même dont on s’ampute? Le troupeau doit-il
toujours prendre le pas sur l’individu? Et que dire de la raison? Et que dire
de la dignité?
Quel gros mot, que ce dernier, n’est-ce pas?
Et puis, de quel troupeau parlons-nous? Caprin, ovin, bovin
ou porcin?
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