vendredi 11 mai 2012

Masque à rats


En voulant interdire le port de masques lors des manifestations, le gouvernement met le doigt dans un dangereux engrenage.

D’abord, l’intention peut sembler bonne. On veut, dit-on, empêcher la violence. Que je sache, lorsque la population en a ras le bol, avec ou sans masque, le couvercle va sauter quand même. De plus, quant à ceux qui veulent faire sauter le couvercle, le port du masque, en dépit de son caractère illégal, ne les dissuadera pas non plus.

Ensuite, cette nouvelle loi viserait aussi à rendre les gens plus vulnérables au moment d’une intervention policière «mesurée», c’est-à-dire forcément musclée. En effet, on l’a vu dernièrement, comme les masques à gaz sont en vente libre, nombre de manifestants en ont porté, à Victoriaville notamment. Mais le masque à gaz est aussi un masque, donc il serait interdit.

Mais qu’est-ce qu’un masque, en fait? Un mouchoir noué derrière la nuque? Des lunettes de ski? Un capuchon descendu trop bas sur les yeux? Un collet remonté trop haut? Un maquillage intégral? Une pancarte tenue devant son visage? Et qui va décider, en fin de compte? D’abord le flic «mesuré», bien entendu. Puis le juge qui va faire en sorte que certains paient les vitrines fracassées par d’autres.

Au final, le constat s’impose. À vouloir réglementer les manifestations de la sorte, l’État cherche seulement à en faciliter le contrôle et, surtout, à en réduire la portée contestatrice. Il s’agit moins d’assurer la sécurité du public que de contribuer à museler les mécontents. En définitive, lorsqu’on s’apprête à rendre illégales les manifestations, on commence par les encadrer avec des lois arbitraires.

Une telle loi serait un maquillage pour rien de moins que du totalitarisme.

Un masque à rats, en quelque sorte…

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