J’ai failli renverser mon calice pendant la messe de onze heures quand j’ai lu dans le journal que les étudiants soupçonnés d’avoir déposé des engins fumigènes dans le métro de Montréal sont accusés «d’incitation à craindre des activités terroristes».
D’une part, j’ai trouvé que cela était un beau pléonasme. Comment, en effet, ne pas craindre des activités terroristes qui – le mot le dit – visent à inspirer la peur à l’échelle d’une société? De même, le terme «inciter à craindre» n’a pas plus de sens. La peur se déclenche toute seule en présence d’une menace; il n’y a pas à l’inciter, la susciter, la stimuler ou l’affriander de quelque manière.
Je me suis demandé pourquoi on avait pu accoucher d’un chef d’accusation aussi biscornu. On sait pourtant que nos gouvernements n’hésitent jamais à brandir l’accusation de terrorisme sous n’importe quel prétexte. Combien de fois a-t-on entendu parler de personnes arrêtées et détenues sans possibilité de libération sous caution, simplement parce qu’on les avait soupçonnées de complot en vue de perpétrer un acte terroriste?
Alors pourquoi tourner autour du pot à ce point? Probablement parce que, à force de tourner autour, les gens vont finalement penser qu’il y en a un. Effectivement, il était difficile, voire impossible, de songer ne serait-ce qu’un instant que ces étudiants fussent des terroristes cherchant à rompre l’équilibre politico-social du Québec. Tout ce qu’ils veulent, c’est de ne pas se faire arnaquer grossièrement par le système.
Mais il fallait aussi les discréditer, eux personnellement et tout le mouvement dont ils sont issus. Or dans la novlangue répressive et néolibérale, la seule accusation qui ne pardonne pas et contre laquelle personne n’osera se rebiffer au sein de la population, c’est celle de terrorisme. Mais comment accoler l’étiquette de terroriste à une poignée de jeunes excédés par l’indifférence du pouvoir?
Eh bien, maintenant c’est fait.
Mais personne n’y croit.
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