Si j’étais Barjavel
Essai philosophique et humoristique portant sur le monde contemporain en utilisant comme critères de référence l’oeuvre du romancier de science-fiction René Barjavel. Si j’étais Barjavel commente les tendances actuelles des sociétés occidentales en gardant toujours à l’esprit l’épée de Damoclès que constitue le fameux Ravage de Barjavel. En s’inspirant des pérégrinations du Voyageur imprudent, l’auteur reconstitue la mosaïque des espoirs déçus de l’Occident qui ont été nourris au feu du second conflit mondial et dont aucun n’a été véritablement réalisé au cours du demi-siècle dont la fin coïncide avec celle du millénaire. En respectant le ton et l’humour très particuliers de Barjavel dans son livre Si j’étais Dieu, l’auteur s’occupe, dans un premier temps, de dénoncer les abus des sociétés néo-libérales échafaudées sur le dos des laissés pour compte. Son premier souci est de dépouiller leur épitaphe du préfixe « néo », car il réussit à démontrer que les ensembles supranationaux actuels se sont ingéniés à remodeler les structures socioéconomiques qui ont directement mené aux deux conflits mondiaux et dont le développement a été ralenti par l’apparition du socialisme tant en Europe qu’en Asie. Condamnant dans un même souffle le socialisme soviétique entaché de stalinisme, il propose en lieu et place une vision intégrante des rapports sociaux et économiques à saveur communiste et libertaire – et non libérale – tout en respectant les thèmes chers à Barjavel, soit le respect de l’individu, qui n’est rien d’autre que le ciment du consensus social. Le dernier chapitre mérite une attention toute particulière. Intitulé Le grand secret, d’après un des romans de Barjavel, il constitue une méditation particulièrement touchante sur la fragilité de la situation de l’humanité et une projection fascinante quant à sa destinée pour les siècles à venir. L’ensemble de Si j’étais Barjavel constitue en outre un émouvant hommage envers un des grands auteurs de la littérature francophone du XXe siècle, un contemporain des maux de cette période – Barjavel étant né en 1911 – et qui en fut jusqu’à sa mort un témoin privilégié dont les écrits ont été marqués par la même dualité qui a profondément marqué notre époque. Cet ouvrage, tour à tour optimiste et pessimiste, démonte avec une rigueur impeccable les mécanismes qui révèlent la courte vue et le manque de compétence des décideurs, en particulier ceux du secteur économique, ce qui, encore une fois, représente un des thèmes chers à Barjavel dans plusieurs de ses romans.
– Théobald Bussy – 204 p. – 1996 – Ouvrage à portée universelle, cet essai saura sans doute intéresser un très large public. Bienheureux seront les lecteurs de Barjavel, car ils goûteront en plus au fil des pages de savoureuses allusions à la prose de leur idole. Savamment structuré en fonction de la rigoureuse thématique de l’univers barjavien, cet essai mordant analyse sans complaisance les maux de notre société. Quoi qu’il arrive aux époques à venir, nous aurons été prévenus !
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