Moi, c’est Latran, Pauline !
Il s’agit en fait d’un essai autobiographique écrit par Pauline Latran, cette grande dame du monde journalistique, qui a marqué la seconde moitié du siècle. À une époque, intime et confidente des dirigeants des deux côtés du rideau de fer, elle a su, par sa rigueur et son honnêteté, gagner la confiance des grands de ce monde, tout en demeurant au contact des plus humbles. Femme de lettres d’abord et avant tout, « plus que de chiffres » dira-t-elle un jour, elle s’est d’abord fait connaître en France aux moments les plus cruciaux de l’immédiat après-guerre. Femme de principes autant que de contraste, Pauline Latran, communiste de la première heure, appuyait malgré tout, par ses écrits, les politiques gaullistes afin de lutter plus efficacement contre l’impérialisme tant américain que soviétique, et de réformer la « quatrième [république] qui s’engage comme la troisième ». D’origine bourgeoise, elle a toujours échappé aux influences jacobines et centralisatrices de la France républicaine. Son père étant verrier à Provins, elle s’est très rapidement familiarisée avec le monde des affaires, pour lequel elle n’a jamais ressenti de profondes affinités, tandis qu’elle entamait des études littéraires. Celles-ci ayant été interrompues par la guerre, puis par l’Occupation, Pauline Latran a alors engagé son cheminement politique de façon très précoce. Membre de la France de la Résistance dès 1941, elle a réussi à s’imposer dans ce milieu tant par la clarté de son esprit que par la pertinence de ses écrits, toujours incisifs et cohérents. C’est dans le maquis qu’elle fait la connaissance du « camarade Renaud », ancien cadre du parti. Cette idylle avec Sébastien DuPeyre durera plus de dix ans. Cette décennie sera d’ailleurs cruciale pour la carrière journalistique de Pauline Latran, DuPeyre la fera entrer avec lui d’abord à L’Humanité, puis, toujours ensemble, ils s’affranchiront des politiques éditoriales pour devenir le couple de francs-tireurs le plus en vogue de la presse française. Leur rupture, au début des années 1960 incitera Mme Latran, alors âgée de trente-trois ans, à se tourner vers le journalisme international. De la construction du mur de Berlin à sa chute, en passant par toutes les grandes crises internationales, pas une revue sérieuse, en France ou à l’étranger, qui ne publie au moins un article de Pauline Latran. Encore active et décidée, elle rédige présentement une série d’articles sur la crise de l’ex-Yougoslavie avant de prendre une semi-retraite qu’elle partage aujourd’hui, ironiquement, avec son ami et amant d’autrefois Sébastien DuPeyre. Femme de parole et d’action, femme fidèle et engagée, « féminine alors qu’elle aurait dû être masculine », Pauline Latran profite de cet essai afin de régler de vieux comptes, dont plusieurs remontent maintenant à près d’un demi-siècle.
– Pauline Latran – 314 p. – 1998 – Lucide et engagé, cet essai a connu deux ans de succès ininterrompu dans les librairies parisiennes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire