Le meilleur sommeil, c’est le sommeil du bureau
Satire sociale particulièrement mordante où les travers du monde du travail sont exploités avec subtilité. La faune bureaucratique est ici mise en lumière avec une sévérité de jugement qui n’a d’égal que la pertinence de ses observations. Jacques est un jeune employé au service d’une grande entreprise active dans le domaine du transport. Ambitieux, il rêve d’une brillante carrière chez cet employeur qui, bien qu’exigeant, offre de belles perspectives d’avenir. Très conscient des occasions à saisir, Jacques travaille d’arrache-pied afin d’attirer l’attention. Mais les promotions lui échappent toujours pour échoir à des gens dont la compétence lui semble discutable. Il s’en ouvre à son supérieur immédiat et lui fait part de sa frustration au cours d’une conversation de cantine que Jacques mène sous le sceau de la confidentialité. Aussi éprouve-t-il un sentiment de dégoût et de trahison lorsqu’il est muté dans un service peu important. Là, il fait la connaissance d’Arnold, son nouveau chef de service, dont il se méfie de prime abord, ayant toujours en mémoire le souvenir de la trahison qui l’a mené en ce lieu. Cependant, Arnold réussit à gagner la confiance du jeune homme, en particulier lorsque ce dernier commet une erreur de taille dans la préparation des états de compte et qu’Arnold prend sur lui de « couvrir » son jeune adjoint. Jacques commence alors à se confier à son supérieur et à lui raconter les interrogations que suscitent en lui les conditions particulières du monde du travail. Arnold entreprend de former le jeune homme, avec des exemples réels à l’appui, afin de lui faire comprendre que le monde bureaucratique se compose de deux types de travailleurs. Le premier est constitué des ergomanes, généralement surmenés et hagards, qui ont la charge de faire avancer les choses et d’exécuter le travail. Les seconds sont ceux qui ont assimilé non pas le fonctionnement des tâches, mais leur organisation. Ils ont appris à reconnaître le principe politique qui mène le monde du travail et se servent de leur connaissance afin de s’approprier du pouvoir. Cependant, les individus qui appartiennent au premier groupe sont essentiels à la survie de l’entreprise. Aussi se trouve-t-on devant un paradoxe de taille : ce sont les gens les moins compétents, ceux qui travaillent le moins possible, qui reçoivent les promotions. Les autres étant trop précieux là où ils sont pour que l’on se permette le luxe de les déplacer. Jacques, fort de cet enseignement, se met en campagne afin de jouer le jeu organisationnel. Mais alors que ses efforts commencent à être récompensés et que, visiblement, les conseils d’Arnold s’avèrent tout à fait justes, il ne peut s’empêcher de vouloir découvrir pourquoi Arnold ne les met pas en pratique lui-même.
– Barbara Duchoy – 274 p. – 1996 – L’auteure s’est fait connaître du grand public par ses ouvrages de vulgarisation portant sur l’organisation du travail. Appréciée pour son humour lors de ses conférences, en personne et télévisées, elle ajoute une corde à son arc avec ce « dernier roman », dit-elle, qui est également son premier.
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