Il ne faut pas lui reprocher cette approche qui était dans l’air du temps. Les différents empires d’alors, qu’ils soient émergents, comme celui d’Allemagne, ou pleinement développés, comme le britannique, ne voyaient pas les rapports internationaux autrement. D’ailleurs, encore aujourd’hui, l’empire yankee ne conçoit que la force pour s’imposer au nom de son «exceptionnalisme» le plaçant au-dessus de toutes les autres nations et, par le fait même, du droit le plus élémentaire.
Mon pote Theodore, aidé par ceux qui se sont inspirés de sa pensée, avait une vision assez particulière de l’État qu’il souhaitait pour le peuple juif, tout au moins sur le plan géographique. Il s’agissait moins d’un pays que d’un royaume dont les frontières «naturelles» allaient du Nil, à l’ouest, jusqu’à l’Euphrate, à l’est, et à l’Oronte au nord. Bref, c’est tout le Proche-Orient qui devait ainsi revenir de droit à Israël.
Comme je le mentionnais un peu plus tôt, rien de tout cela ne jurait avec les mentalités de la fin du XIXe siècle alors que les ambitions territoriales étaient bien souvent décuplées au nom d’un prétendu droit tout aussi naturel que lesdites frontières. Et en plus, tant que ces notions ne dépassaient pas le cadre du papier sur lequel avait écrit ce cher Theodor, le mal était bien relatif.
Là où le bât blesse cruellement, c’est qu’il s’est écoulé plus de 100 ans depuis. Que de tels concepts soient encore considérés comme valables est un dangereux anachronisme, d’autant plus dangereux que cela a largement débordé le domaine de la théorie politique.
Quand cela arrive, on constate rapidement que ce n’est plus avec de l’encre que s’écrit l’histoire, mais avec du sang.
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