Décidément, le
gouvernement Marois a le sens de la formule. Plutôt que d’appeler ça la
Commission Ménard, on a décidé d’appeler ce cirque la Commission spéciale
d'examen des événements du printemps 2012 sur la crise étudiante.
Une petite pause pour reprendre son souffle…
Alors, comme tout le monde a vu, entendu, lu et discuté tous les aspects
de la fameuse crise étudiante, dite «Printemps érable» (sic), il fallait
maintenant mettre sur pied une commission d’enquête qui pourrait désormais nous
expliquer ce qui s’est passé. Apparemment, on nous considère trop attardés et
on a peur qu’on ne comprenne pas. Ou alors, on ne nous estime pas si bête que
ça, et on ne veut pas qu’on se fasse une idée juste par nous-mêmes.
Alors, on a sorti Serge Ménard des boules à mites afin qu’il se charge de
nous donner, sur un plateau d’argent, une explication proprette des événements.
Pas question de jeter le blâme sur qui que ce soit. À ce propos, les policiers
ont grand tort de boycotter ladite commission; ils n’auraient couru aucun
risque. Les étudiants, eux, ont essuyé les coups; bien mal venu qui voudrait
les charger davantage. Le gouvernement? Mais ce n’est plus le même gouvernement;
et le parti qui était au pouvoir a fait peau neuve avec Philippe Couillard (le
nom est marrant).
Alors, à quoi ça va servir tout ça? À mettre le bouchon dans le goulot de
la bouteille afin que le mauvais génie ne puisse jamais en sortir. Ne pas
mentionner, par exemple, que les forces de l’ordre sont fortement hiérarchisées
et qu’à ce titre, elles ne se permettent jamais d’initiatives. À part pour une
ou deux exceptions qui ont la canisse de poivre un peu leste sur un coin de
rue, le reste est discipliné. «Ils ne font qu’obéir aux ordres», comme on dit
toujours pour tout excuser. Bref, les débordements du printemps 2012 ont été
commandés d’en haut, mais on aura grand soin de ne braquer les projecteurs
qu’en bas.
Commandés par qui, d’abord? La haute gomme de la police? Sûrement pas, ce
n’est pas son rôle. Vous croyez vraiment qu’on va creuser jusqu’à ce qu’on
puisse prouver que les ordres sont venus du cabinet du premier ministre avec la
recommandation de rétablir l’ordre «par n’importe quel moyen», si c’était le
cas? La Commission n’a certainement pas le mandat de ternir l’image du
gouvernement, quel que soit le parti au pouvoir.
Alors quoi? Rien.
On va tourner autour du pot en mettant l’accent sur les conséquences et
non sur les causes; sur les exécutants et non sur les décideurs. Et puis, dans
un an, on sera curieux de savoir combien ça nous aura coûté.
Peut-être autant que le temps supplémentaire des flics.
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