mardi 3 mai 2011

Le cynisme, le mensonge, la vérité

Photo: Remy Steinegger, via Wikimédia

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En campagne électorale, et même en ville électorale, il suffit de tendre l’oreille 30.secondes et paf, vous entendrez un politicien dire que les gens sont devenus cyniques, et le déplorer sans toutefois jamais changer sa façon de procéder. Remarquez bien: devenus. Car ils ne l’étaient pas avant. Avant — on ne sait pas avant quoi au juste —, toute.la population était heureuse et elle allait voter en courant et en fredonnant un air à la mode ayant pour thème l’aspect fédéral de toute.chose.

D’abord, si le mot cynique renvoie à un individu qui ne croit pas les menteries qu’on lui raconte, le terme n’est pas tout à fait exact. Et puis, s’il y a quelqu’un qui se rit du système, c’est bien la classe politique elle-même. En martelant constamment les mêmes propos vides. En assurant que tout ce que A fait est bon et que tout ce que A dit est vrai et que tout ce que B fait est mauvais et que tout ce que B dit est faux, et de même pour C, D, E et ainsi de suite jusqu’à Z.

Remarquez, certains qui ont fait des études sérieuses sur le sujet vous diront que s’il y a tant de mensonge en politique, c’est la faute de l’électeur lui-même. Car l’électeur ne tolérerait juste pas qu’on lui dise la vérité. Il voudrait qu’on enrobe, qu’on lui dore la pilule, qu’on lui cache que la situation n’est pas aussi rose qu’on le prétend. Après tout, comme l’écrivait Céline parce qu’il faut bien mettre un peu de littérature dans tout cela, la vérité, c’est pas mangeable.

Le vote sorti
Jean Dion, Le Devoir, 3 mai 2011

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