vendredi 4 novembre 2022

Catalogue


 

Le doute massaïs


Alors que la révolte des Mau-mau a pris les autorités par surprise, une riche famille de planteurs d’origine britannique se retrouve isolée dans sa demeure kenyane une nuit de pillage et de violences où les Massaïs et les Kikouyous, ethnies rivales, s’affrontent. La route ayant été coupée par l’une ou l’autre faction, la famille organise la défense de la maison avec les moyens à sa disposition. Alors que les hommes placardent portes et fenêtres tout en aménageant des meurtrières, les femmes nettoient les armes et préparent pansements et provisions en vue du siège qui s’annonce, tandis que la radio ne fait que confirmer l’impuissance des autorités à leur porter secours. La plus jeune des filles, étrangement indifférentes à l’activité fébrile qui l’entoure, dédaigne les tâches guerrières et s’entretient en aparté avec chacun des membres de la famille au sujet du sort d’un de ses oncles, l’aîné de sa génération, dont l’existence, et surtout la disparition, fait l’objet d’un étrange tabou au sein de la famille. C’est à partir d’une vieille photo découverte dans les archives familiales qu’elle mène son interrogatoire discret. Interloqués, ses frères et soeurs demeurent assez vagues quant à leurs souvenirs, mais sa mère est nettement moins ouverte. Est-ce elle qui attire l’attention du père sur l’étrange attitude de sa fille ? Quoi qu’il en soit, il n’hésite pas, malgré l’urgence de la situation, de venir parler avec celle dont l’insistance finit par avoir raison de sa patience. La colère de son père ne fait qu’attiser la curiosité de la jeune fille qui finit par jeter son dévolu sur sa vieille tante, la soeur de sa mère, aux manières un peu particulières. Considérée par le clan comme instable, elle finit, dans l’atmosphère irréelle de cette veillée d’armes, à avouer un terrible secret. En effet, la jeune fille apprend alors que cet oncle mystérieux avait conçu, une vingtaine d’années auparavant, de rétrocéder ses terres aux tribus kikouyoues et massaïs de la région afin de les mettre à l’abri de la misère où les avait jetées la voracité des colons blancs. Le père de la jeune fille, le cadet de la famille, avait vu d’un mauvais oeil cette idée. Le conflit entre les deux hommes avait fini par dégénérer un jour de beuverie et l’irréparable s’était alors produit. Le meurtre de l’aîné par le cadet avait été maquillé en accident par une famille plus ou moins complice. Horrifiée, la jeune fille ne sait quel parti prendre jusqu’à ce que le hasard lui donne l’occasion de confronter son père en privé. Les explications et les menaces n’ont aucune prise sur elle. Alors que des rôdeurs sont signalés, la tante incite la jeune fille à fuir. Elle se glisse à l’extérieur, mais un coup de feu se fait entendre et c’est son père qui la ramène morte à la maison.


 – Emma Sinne – 124 p. – 1988 – Avec une extraordinaire maîtrise, l’auteure de cette pièce démonte avec mesure et fermeté le mécanisme de la conspiration et révèle méthodiquement au lecteur les bassesses de l’âme humaine.


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