vendredi 19 août 2022

Catalogue

 


Le creuset diabolique


Arthur Ziemcke est un généticien de renommée mondiale qui a réuni dans Le creuset diabolique l’essentiel de ses réflexions. Ziemcke utilise comme point de départ la confluence de trois grands thèmes communs au monde scientifique contemporain. En fait, il s’agit d’une problématique, d’une constatation et d’un paradigme. La problématique est constituée par l’émergence de nouveaux virus jugés extrêmement létaux. La constatation en est une qui mystifie les scientifiques de nombreuses disciplines, car aucun n’est encore capable d’expliquer, soit statistiquement, biologiquement ou d’autre façon, les grandes extinctions qui, à intervalles, viennent effacer du catalogue du vivant une large part des espèces existantes. Le paradigme est celui, encore mal compris, de la théorie du chaos. Selon cette dernière, les événements imprévisibles, tout ce qui existe d’aléatoire, ne sont pas le fruit du pur hasard, mais obéissent à des concepts sous-jacents, difficilement reconnaissables qui entraînent, par exemple, l’emballement de certains systèmes, qu’ils soient mathématiques, mécaniques, dans leur sens le plus large, ou biologiques. Prenant appui sur l’apparition soudaine du virus du sida, le professeur Ziemcke explique comment le code génétique du virus se combine avec celui de la cellule qu’il infecte, produisant ainsi sans cesse de nouvelles souches de lui-même dont les effets sont le plus souvent imprévisibles. Utilisant la théorie du chaos comme point d’appui, il démontre que ces combinaisons peuvent engendrer des super-virus qui risquent, à l’occasion, de se propager d’une espèce à l’autre avec une désarmante facilité. Le professeur Ziemcke invite le lecteur à imaginer un virus mortel pouvant, par le jeu des transmutations génétiques, infecter n’importe quelle cellule vivante. Il va sans dire que, sans l’apport d’une science biochimique évoluée, la plupart des espèces atteintes se trouveraient condamnées. En revenant à l’exemple du virus du rhume, le professeur souligne le fait que, une fois guéri de cette maladie, l’organisme est désormais immunisé contre elle. Dans le cas d’une infection interespèces, les survivants de la maladie seraient également, eux et leurs descendants, immunisés contre ce virus. Le professeur Ziemcke conclut son essai en posant l’hypothèse que ces virus destructeurs de tant d’espèces sont toujours parmi nous et qu’ils sont devenus totalement anodins, par exemple celui du moins que redoutable rhume de cerveau. C’est donc avec aplomb qu’il peut opposer à la théorie de Darwin de la « sélection naturelle » celle de la « sélection virale », qui serait mieux à même d’expliquer les choix étonnants de la nature sur le plan de l’évolution des espèces.


 – Arthur Ziemcke – 740 p. – 1989 – Penseur renommé, longtemps comparé, chez les psychogénéticiens, comme l’égal sinon le rival de Henri Laborit, l’auteur, par ses prises de position très anticonformistes, a souvent suscité la controverse.


Aucun commentaire: