Ah ! que la rose a rosi !
Biographie romancée de la vie de Jean de Meun à l’époque où il met la dernière main à son chef-d’oeuvre, Le roman de la rose. Après tous ces mois de travail où il a besogné dans la solitude, il s’est pratiquement coupé du monde extérieur et seuls quelques proches, sa femme et ses enfants en fait, ont gardé un contact suivi avec lui. La vie de la maisonnée ne s’est pourtant guère modifiée pendant son « absence », sinon que sa femme a engagé une nouvelle servante, la belle Jacquotte, qui, par sa fraîcheur et sa jeunesse, n’a aucune difficulté à séduire Jean. L’épouse de celui-ci, consciente de ce qui arrive avant même les principaux concernés, prétexte un voyage afin d’aller auprès de sa mère vieillissante pour laisser le champ libre aux amoureux. Sachant qu’elle ne peut rivaliser avec une femme de la moitié de son âge, elle préfère s’éviter les tourments et les humiliations qu’une telle situation ne peut manquer de lui faire subir. Une fois la maison vide, l’épouse ayant amené ses enfants afin que ceux-ci ne soient pas mêlés de trop près au scandale, Jean et Jacquotte tombent littéralement dans les bras l’un de l’autre. Ils consomment alors une relation torride qui, pendant des semaines, les emporte à l’abri des regards indiscrets. Mais, au fur et à mesure que passe le temps, Jean est assailli par le remords, car il a négligé totalement, pendant tout ce temps, ses écrits. Son manuscrit est resté sur sa table de travail et la jeune femme l’a recouvert d’un drap rouge afin de symboliser son amour pour le grand homme qui partage ses nuits, mais également pour préserver l’ouvrage contre la poussière. Jean, de son côté, croit que la jeune femme a voulu ainsi tirer égoïstement un linceul sur le seul rival qui se dresse encore contre elle. Autant par culpabilité que par défi, il retourne à son pupitre et reprend son travail là où il l’a laissé. Frustrée, Jacquotte, qui ne comprend pas pourquoi Jean perd son temps « en de vaines écritures », lui sert un ultimatum alors qu’ils déambulent bras dessus, bras dessous dans le jardin où fleurissent les roses. L’épouse qui a gardé ses accointances dans la maison est rapidement mise au courant des tribulations du couple. Encouragée, elle annonce son retour. Cette nouvelle semble jeter de l’huile sur le feu entre les amants et Jean, déchiré entre la passion et le devoir sombre dans la mélancolie alors que le doute s’empare de lui. Le jour où l’épouse arrive à la maison, elle a emmené une nouvelle servante avec elle, un signe que Jacquotte comprend immédiatement comme une menace déguisée. Cependant, le triomphe de l’épouse sera de courte durée. Lorsque les deux rivales montent à l’étude de Jean, elles trouvent l’endroit abandonné. Sur son pupitre, un message a été griffonné à la hâte annonçant le départ de Jean en un lieu inconnu. Il n’a apporté avec lui que les vêtements qu’il portait et son précieux manuscrit.
– Laurent Bassain – 332 p. – 1988 – L’auteur s’est pris au jeu de la vie avec cette oeuvre, véritable biographie imaginaire d’un des plus grands écrivains de tous les temps. Rarement une oeuvre de fiction aura-t-elle semblé si authentique.
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