lundi 17 avril 2017
Le peuple
Ce qu'il y a de bien, avec la démocratie, c'est qu'on peut toujours compter sur l'opinion publique pour prendre la mauvaise décision. Il en va ainsi non seulement chez nous, mais également à l'étranger, ce qui est en quelque sorte rassurant: tous les ignares ne sont pas concentrés ici. Il est vrai que l'opinion publique est très facilement malléable, mais tout de même elle pourrait s'avérer un peu plus coriace quand vient le temps de se tirer dans le pied.
J'en veux pour preuve le référendum – encore un! – qui vient d'être tenu en Turquie. Là-bas, le président Recep Tayyep Erdogan a voulu se faire attribuer de plus larges pouvoirs afin d'instaurer un gouvernement personnel quasi dictatorial au motif de vouloir garantir la sécurité. On sait qu'un putsch militaire bâclé avait échoué, récemment, et permis à M. Erdogan d'exercer une répression contre toute forme d'opposition, même celle qui avait condamné ledit putsch.
Bref, ce dimanche le peuple turc est passé aux urnes et a accepté les réformes constitutionnelles proposées par son président, lequel a maintenant les mains pratiquement libres pour entreprendre n'importe quoi. Prochaine étape? Le rétablissement de la peine de mort. Oui, parce que, avec toutes ces arrestations, les prisons doivent déborder. Alors pour le bien-être des détenus, il faudra sans doute y faire de la place.
Comment être en désaccord avec cette réplique d'un personnage de télésérie qui avait dit, dans Les rois maudits: «J'aime beaucoup le peuple. On peut lui demander ce qu'on veut et, une fois qu'on l'a obtenu, on ne lui doit rien en retour»?
À part peut-être quelques bons coups de bâton afin de le tenir dans le droit chemin; pour ne pas dire le chemin à droite.
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