samedi 23 avril 2011

Ne pas voter, c’est laisser son vote à la droite

En France, deux sondages, coup sur coup, donnaient Marine Le Pen, la nouvelle leader du Front national, le parti xénophobe français, en tête lors du premier tour prévu pour mai 2012. Photo: Front national, via Wikimédia

• • •

La mouvance de droite populiste [en Europe] se nourrit aussi de divers phénomènes qu’on peut retrouver ici. Une bonne partie de son électorat est constituée de travailleurs pauvres et non syndiqués, qui sont les premières victimes des ralentissements économiques. Cette partie de la population se sent abandonnée par les gouvernements traditionnels. Ces travailleurs précaires se sentent marginalisés. Ils sont aussi parmi les citoyens les moins bien éduqués et parmi ceux qui participent le moins à la vie collective. Ils entretiennent une haine sourde envers les élites classiques, les syndicats et les «gros» gouvernements.

Les partis de droite profitent aussi de la baisse de participation aux différents scrutins. Cette diminution radicale ne se constate cependant pas dans la population âgée, qui accomplit religieusement son devoir citoyen. Les partis de droite ciblent systématiquement cette tranche de la population en brandissant le fléau (souvent inventé) de l’insécurité croissante, de la criminalité ou de la disparition des valeurs traditionnelles, qu’on maquille parfois en valeurs identitaires.

Les jeunes et les gens éduqués résistent généralement à ces invocations passéistes; or les jeunes, en particulier, constituent la strate de la société qui vote de moins en moins. En rentrant de l’été toulousain, j’ai été pris d’un incontrôlable frisson qui ressemble en plusieurs points à celui qui balaie l’Europe occidentale ces jours-ci.

Le grand frisson
Gil Courtemanche, Le Devoir, 23 avril 2011

Aucun commentaire: