jeudi 16 décembre 2010

Une couleuvre passe, les chiens aboient

Le ministère de l’Environnement a imposé au ministère des Transports de déplacer les couleuvres brunes (Storeria dekayi) qui vivent sous l’échangeur Turcot. Photo: Benny Mazur, via Wikimédia

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Ce qui fait aboyer le chien, ici, n’est pas l’argent, même pas la couleuvre; seulement l’habitude d’aboyer le matin. N’importe quel os à jeter la meute fait l’affaire: une fonctionnaire du ministère de l’Environnement, un col bleu, le facteur, un cycliste, un écolo, un artiste, un gréviste, un ministre, quelque chose qui dérange, quelque chose qui dépasse, quelque chose qui transcende, quelque chose d’un peu abstrait, quelque chose de pas aussi évident que leur gros-bon-sens-de-merde qu’ils n’arrêtent pas de régurgiter en vagissant, ou quelque chose d’inhabituel comme une couleuvre sous un échangeur.

Celui-là appelle de son garage: donne-moi un bâton, m’a t’arranger ça, moi, les couleuvres, ça sera pas long. Je ne comprends pas, ils devraient les aimer, ces couleuvres qui sont brunes comme leurs chemises, sûrement.

Une couleuvre passe, les chiens aboient
Pierre Foglia, La Presse, 16 décembre 2010

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