samedi 28 février 2009

Abstrait comme un billion

Chris Jordan | Ben Franklin, détail (2007)

Sept cent quatre-vingt-sept milliards de dollars. C’est le montant du fameux plan de relance que vient de signer Barack Obama pour tenter de sauver ce qui reste de l’économie américaine.

Quasi surnaturel. Imaginez, pour déplacer 787 milliards $ en coupures de 100$, il faudrait 1282 camions-bennes de la Ville de Montréal chargés à bloc.

(...) Plus je regarde ce chiffre, plus il me semble abstrait. Ce qui me fait penser à la démarche de Chris Jordan. Vous le connaissez peut-être. Cet artiste visuel attire l’attention partout avec ses photos géantes illustrant des statistiques liées à des enjeux actuels. Ses œuvres ressemblent à d’immenses Où est Charlie?, sans Charlie.

En 2007, il a réalisé un triptyque de 8,5 pieds de largeur par 10,5 pieds de hauteur montrant le visage rassurant de Benjamin Franklin que l’on retrouve sur les billets verts de 100$. Il a créé ce portrait en juxtaposant 125 000 minuscules reproductions de billets de 100$, ce qui représente 12,5 millions $. C’est ce que dépense le gouvernement américain en une heure de guerre en Irak. Imaginez une semaine.

Nous sommes quotidiennement bombardés de chiffres trop gros pour notre petit coco. On aura beau parler du village global, en réalité la mesure du monde nous échappe complètement.

Abstrait comme un billion
Steve Proulx | Angle mort, Voir, 25 février 2009

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