lundi 20 juin 2022

Catalogue

 


Si vous êtes plus con qu’un bourgeois, mes condoléances


Jack, un vieil anarchiste à la retraite, décroche par hasard un boulot de jardinier auprès d’une famille cossue de la banlieue de Los Angeles. L’emploi comprenant le gîte et le couvert, il emménage dans un petit pavillon où il déploie ses souvenirs ; bannières noires et photographies de la guerre d’Espagne. Un instant décontenancés, ses employeurs se font rapidement à l’idée en considérant leur jardinier comme un vieil original un peu toqué. Leur surprise va croissant lorsqu’ils constatent que leur pelouse va de mal en pis depuis son embauche. On découvre alors que l’anarchiste est, en fait , un ancien ferrailleur qui ne connaît absolument rien à l’entretien paysager. Parallèlement, Jack découvre avec intérêt que la famille où il travaille est déchirée par les conflits. Le père et la mère, qui ont chacun leurs aventures, ne se parlent pratiquement plus, sinon par personne interposée, tandis que les enfants, un garçon et une fille, sont aux prises avec une crise de l’adolescence particulièrement aiguë. Conscient que sa sinécure est menacée par son absence totale de talent dans le domaine de l’entretien paysager, il trouve plus simple d’utiliser le sens commun qui l’a si bien servi jusqu’alors pour aider ses patrons à surmonter leurs problèmes familiaux. Il remporte un tel succès que Jack devient du jour au lendemain la coqueluche des quartiers huppés. Ainsi défile dans son pavillon tout le gratin de la bonne société qui vient étaler ses misères à l’ombre du drapeau noir. Se servant de son expérience de militant, Jack a recours à sa fausse thérapie afin d’imposer ses idées anarchistes à ses « patients », lesquels les reçoivent comme autant de révélations. Désormais considéré comme un thérapeute de plein droit, ses honoraires lui permettent d’engager un véritable jardinier qui lui sert également de secrétaire. Lentement, un conflit se développe entre les deux hommes alors que le secrétaire-jardinier se considère sous-payé compte tenu de ses multiples tâches. La relation se détériore au point où la clientèle, choquée de voir que son thérapeute est incapable de régler ce qu’elle considère comme d’insignifiants petits différends, se détourne de ses conseils. Désormais abandonnés et sans ressources, les deux hommes se réconcilient et entreprennent de jeter la zizanie partout autour d’eux. Par le biais de lettres anonymes et de contrevérités, ils parviennent à ranimer les brandons de discorde qu’ils avaient éteints. Mais, cette fois, leur « thérapie » ne vise plus à assurer le mieux-être de leur clientèle. Au contraire, ils cherchent à exacerber les passions au point où ils sont rendus responsables d’un triple meurtre. Ils viennent bien près d’être arrêtés, mais la police ne trouve qu’un pavillon vide avec, au mur, un minuscule lambeau de drapeau noir.


 – Torry Ador – Première publication : 1987 sous le titre Psychanarchist – traduit de l’anglais par Olive Rézon – 356 p. – 1989 – Comédie noire, et malgré tout truculente, en particulier dans les affrontements entre les deux vieux complices qui singent les défauts des mieux nantis qu’ils ne parviennent à guérir qu’en subissant leur contagion.

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