lundi 21 mars 2022

Catalogue

 


Je ne suis peut-être pas belle, mais je suis propre.


Une jeune étudiante, un peu complexée par son apparence, a décidé de poursuivre des études universitaires en histoire plutôt que de tenter sa chance sur le marché du travail. Un peu échaudée par ses expériences passées, elle espère également rencontrer à l’université l’homme de sa vie. Effectivement, les premiers mois qu’elle passe dans ce milieu stimulant l’enchantent et lui ouvrent des horizons qu’elle ne soupçonnait pas. Ses cours, bien que parfois assommants, ne l’empêchent pas de se montrer intéressée et d’ailleurs sa détermination la pousse à préparer longtemps d’avance le cadre de sa thèse doctorale sur les grandes décadences de l’histoire, dont celle de l’Empire romain constamment en toile de fond. Au nombre des symptômes qu’elle relève depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, elle dénombre entre autres un affaissement des valeurs morales les plus anciennes ; une augmentation disproportionnée des groupes oisifs au sein de la société, incluant les artistes et les intellectuels ; un mépris affiché à l’égard d’autrui ; une dévalorisation de la notion du travail. Si ses études la captivent au plus haut point, elle n’en déchante pas moins devant le laxisme des professeurs et l’indifférence assez marquée de son directeur de thèse à l’endroit de ses recherches, sans compter l’incompétence patente du personnel administratif, lequel a tout simplement égaré son dossier académique. Les difficultés s’accumulent alors qu’à tout propos, elle doit faire la preuve de son inscription à la faculté à cause de l’absence de ce dossier. De plus en plus excédée par la situation, elle s’en ouvre à son directeur qui, pour une fois, semble intéressé par son étudiante. Il lui propose son aide et, au bout de quelques jours, il lui téléphone afin de la rencontrer au sujet de son dossier. Occupé lui-même, il ne peut la recevoir que le soir chez lui où, sans vergogne, il tente de la séduire. D’abord surprise, puis carrément outrée, elle dépose une plainte au département afin de faire sanctionner l’inqualifiable conduite. N’obtenant pas de nouvelles, elle entreprend des démarches pour s’apercevoir avec un étonnement sans bornes que sa plainte a été étouffée par le département. Ses protestations provoquent la curiosité de la faculté et, pendant un temps, le département est littéralement en observation. Au cours de cette période, elle s’aperçoit que des gens se détournent d’elle, y compris d’autres étudiants qu’elle considérait comme des amis. Isolée, alors que la faculté semble sur le point de se désintéresser de son sort, elle tente alors un coup d’éclat et, un matin, elle s’enferme dans le bureau du directeur où elle détruit systématiquement les dossiers de tous les enseignants et de tous les étudiants à sa portée.


 – Catherine Rich – 218 p. – 1990 – Réquisitoire incisif envers l’abus de pouvoir, le roman a fait la manchette l’année de sa parution, alors que l’association des recteurs canadiens lui avait fait mauvaise presse à l’occasion de son congrès annuel. Banni de tous les programmes d’études littéraires, il demeure omniprésent dans le milieu universitaire où il a pris valeur de symbole.

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