jeudi 10 octobre 2013

Pierre et Paul


«  Redites
«  Vous vous souviendrez peut-être qu'il n'y a pas si longtemps, j'ai écrit une chronique qui commençait comme ceci: je suis indépendantiste. Je poursuivais un peu plus loin par: je suis de gauche aussi. Et plus loin encore: de gauche et désespéré par tous ces gens qui partagent l'assurance que nous vivons dans le meilleur des systèmes économiques.
«  J'ajoutais que cela faisait 45 ans que je travaillais à La Presse, qui appartient à M. Paul Desmarais, qu'en 45 ans, j'avais expliqué des dizaines de fois pourquoi j'étais indépendantiste et de gauche, et j'avais fini par vous poser cette question: selon vous, combien de fois en 45 ans M. Desmarais est-il intervenu, directement ou indirectement, pour me dire: Foglia, ferme donc ta gueule?
[…]
«  Je vous le répète parce que cela revêt une certaine pertinence aujourd'hui: zéro fois. Jamais. Un million de fois dans le journal de ce potentat si ardemment fédéraliste je me suis plu à écrire, en toute liberté, que le Québec n'est pas, ne sera jamais le Canada, et qu'il devrait s'en affranchir… » 









«  Il n’est pas de potentat qui n’eût entretenu un dissident ou quelque irrévérencieux en son giron. Ce son discordant dans un univers monolithique sert justement à rompre une monotonie qui finirait à la longue par lasser et surtout à devenir trop peu crédible. 


 «  Ainsi, on laisse à un chroniqueur – de préférence doté d’un indéniable talent – toute liberté de s’exprimer. Il remplit, auprès de ses collègues aux voix si bien accordées, le même rôle irrévérencieux que le caricaturiste dans la page éditoriale. À son corps défendant, sans doute, il sert de repoussoir et apporte de facto de l’eau au moulin d’une si belle unanimité.
«  Mais pour un seul chroniqueur à qui on laisse la bride sur le cou, il faut bien reconnaître que tous les autres suivent scrupuleusement la consigne. Ou alors, on les a engagés parce qu’ils pensaient tous pareil.
Finalement, ça revient au même. » 

Réponse envoyée au chroniqueur de La Presse Pierre Foglia, à la suite de son commentaire sur la mort de Paul Desmarais

Comme je lui ai fait suivre ce message sous mon vrai nom, nous sommes désormais deux au monde à savoir qui est vraiment Lou Skannen.

À condition qu’il lise ce blogue...

Donc, je dois encore être le seul.

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